De moira aux Moirai, de l’épopée à la généalogie : approche historique et poétique de l’autorité de Zeus, maître du destin (Iliade, Odyssée, Théogonie)

From moira to Moirai, from épic to genealogy : historical and poetical approach on Zeus’ authority upon destiny (Iliad, Odyssey, Theogony). The representations of destiny in Greek archaic literature need to be studied from a historian’s point of view which combines poetic creation and social evolutions as well as religious beliefs. Whereas Homer’s Iliad creates an epical moira playing a key role in the visualization of aristocratic merits, the Odyssey integrates the destiny in a cosmical function, in which Zeus, previously the origin and active source of the gift of moira, becomes, as cosmic sovereign, a rather passive guardian. In fine, the genealogy of the Moirai, an elaborate poetic conception with important discursives stakes, puts forward another mode of action, in which one can see Zeus’ unending role as dispenser of destiny, in accordance with the hesiodian principle of Dikè.Les représentations littéraires grecques archaïques de la moira restaient à être approchées d’un point de vue historien qui insère la créativité poétique dans l’évolution des croyances sociales et religieuses. Quand, dans l’Iliade, la moira épique joue un rôle essentiel dans l’évaluation symbolique et laudative des aristoi en action, dans l’Odyssée elle s’assimile à une logique autre dont Zeus, auparavant dispensateur actif du destin comme dieu de la guerre, devient le garant en tant que souverain universellement cosmique et passif. In fine, la généalogie théogonique des Moirai, création poétique ouvragée et aux enjeux discursifs majeurs, affirme un autre mode d’agir où transparaît le rôle éternellement agissant de Zeus dans la dispense universelle du destin suivant le principe, cher à Hésiode, de dikè.Mackowiak Karin. De moira aux Moirai, de l’épopée à la généalogie : approche historique et poétique de l’autorité de Zeus, maître du destin (Iliade, Odyssée, Théogonie). In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 36, n°1, 2010. pp. 9-49