L’homininé de Kocabaş (bassin de Denizli, Turquie) au carrefour de l’Eurasie : nouvelles données obtenues à partir d’analyses morphométriques et cladistiques

Seul fossile d’homininé ancien en Turquie, la calotte crânienne de Kocabaş (bassin de Denizli), datée entre 1,2 et 1,6 Ma, s’inscrit dans la discussion sur les premiers peuplements en dehors du continent africain. Notre étude morphométrique tend à le rapprocher des fossiles africains, Homo ergaster et Homo erectus récents, et à le distinguer des spécimens de Dmanissi et des Homo erectus asiatiques. Ces résultats sont confirmés par une analyse cladistique qui montre une séparation du fossile de Kocabaş du clade eurasiatique qui inclut les homininés de Dmanissi, et le regroupe avec les fossiles africains datés autour d’1 Ma (KNM-OL 45500, Daka-Bouri BouVP2/66, Buia UA31). Ces derniers partagent avec Kocabaş une divergence de l’os frontal peu marquée et une séparation des lignes temporales sur l’os pariétal. Le crâne de Kocabaş semble témoigner d’une histoire évolutive différente de celle des fossiles de Dmanissi, qui pourrait correspondre à une expansion hors d’Afrique plus tardive.The Kocabaş skullcap (Denizli Basin), dated between 1.2 and 1.6 Ma, is the only ancient hominin fossil from Turkey and is part of discussions focusing on the first settlement outside the African continent. Our morphometric study tends to link this specimen with the African fossils, Homo ergaster and early Homo erectus, and to distinguish it from the specimens from Dmanisi and Asian Homo erectus. These results are confirmed by a cladistic analysis, which shows a separation of Kocabaş from the Eurasian clade comprising the Dmanisi hominins and grouping it with the African fossils dated to around 1 Ma (KNM-OL 45500, Daka-Bouri BouVP2/66, Buia UA31). As in the Kocabaş fossil, the divergence of the frontal bone is not very marked on these latter fossils and the temporal lines are separated on the parietal bone. The Kocabaş skull seems to point to a different evolutionary history than that of the Dmanisi fossils, and could reflect a later “out-of-Africa” expansion.