De l'ethnographie comme fiction. Conrad et Malinowski

On Ethnography Considered as a Fiction. About Conrad and Malinowski. This essay explores the modem predicament of an « ethnographie » subjectivity, a self situated as participant-observer in specific cultural and linguistic systems. The similar experiences of Joseph Conrad and Bronislaw Malinowski — cosmopolitan émigrés struggling into English identities and, as writers, into the English symbolic world — are taken as paradigmatic. The « made up », fictionnal quality of their identities and images of cultural order is pursued through a close comparison of Malinowski's field diary (and Argonauts of the Western Pacific) with Conrad's Heart of Darkness. Present horizons for ethnographic writing are suggested as well as some historical limits on ethnographic irony, the anthropological culture concept, and related notions of language.Cet article se propose d'analyser la notion de « subjectivité ethnographique », qui renvoie à celle d'observation participante et, par conséquent, à la position de tout observateur à l'intérieur de systèmes linguistiques et culturels différents. Les expériences similaires de Joseph Conrad et de Bronislaw Malinowski — émigrés « cosmopolites » aux prises avec une identité britannique et, en tant qu'écrivains, aux prises avec l'univers symbolique anglo-saxon — sont envisagées ici comme des paradigmes. Le caractère construit, pour tout dire « fictif », de leur identité et de leurs représentations de l'ordre culturel est mis en évidence au terme d'une comparaison entre le Journal de Malinowski (et ses Argonautes) et Cœur des ténèbres de Conrad. Les perspectives actuelles de l'écriture ethnographique sont in fine esquissées à partir de considérations sur les limites historiques de l'ironie ethnographique et sur le concept anthropologique de culture, et leur horizon, ramené aux notions mêmes de langage.Clifford James. De l'ethnographie comme fiction. Conrad et Malinowski. In: Études rurales, n°97-98, 1985. L'ethnographie / Grèce, sous la direction de Françoise Zonabend et Jean Jamin. pp. 47-67