Les Psaumes traduits par Milton : de l’exercice de style au « mythe personnel»

Milton practised the time-honoured exercise of adapting or translating the Psalms. His first two adaptations (1624 : Psalms 114 and 136) may be viewed as the school exercises of a gifted youth, starting from the Greek of Septuagint. It is not so with his translations of Psalms 80-88 (1648) and 1-8 (1653), in which the themes, rhetoric and images testify to the presence of two correlated perspectives : the preservation of the theological and political thinking of the Psalter, and, simultaneously, the development of a «Hebrew» style which will reach its maturity in Paradise Lost, Samson Agonistes and Paradise Regained. So complete is the poet’s involvement in these re-written psalms that they offer some kind of mythic image of him - that of the «blind bard», a word used by Mary Ann Radzinowicz for the speaker in Paradise Lost. This would correspond to the role in which Milton wishes to cast himself in the eyes of the Reformed English nation. Interesting as it may be, this view should be qualified if one does not wish to fall into a simplifying interpretation of Milton’sPsalms.Comme de nombreux prédécesseurs, Milton a adapté ou traduit les Psaumes à trois reprises. Les deux premières adaptations (1624 : Psaumes 114 et 136), sont généralement considérées comme des exercices effectués par un élève doué à partir du grec des Septantes. Il n’en est pas de même de ses traductions des Psaumes 80-88 (1648) et 1-8 (1653), dont la thématique, la rhétorique et les images révèlent chez le poète deux visées complémentaires : fidélité sentimentale et idéologique à l’original, et en même temps élaboration d’un style poétique unique, imité de l’hébreu, qui connaîtra son plein développement dans Le Paradis perdu, Samson Agonistes et Le Paradis reconquis. Si complète est l’implication de Milton dans les psaumes qu’il réécrit que le texte offre de lui-même une image mythique : celle du poète-prophète aveugle, déjà décelée par certains critiques dans Le Paradis perdu. Ce serait là le rôle qu’il entendrait jouer dans la Nation anglaise réformée. Pour intéressant qu’il soit, ce point de vue doit être nuancé, si l’on ne veut pas tomber dans une interprétation simplifiante des Psaumes miltoniens.Pironon Jean. Les Psaumes traduits par Milton : de l’exercice de style au « mythe personnel». In: XVII-XVIII. Revue de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°64, 2007. La Bible dans le monde anglo-américain des XVIIe et XVIIIe siècles. pp. 65-78