La naissance d'une classe moyenne paysanne musulmane après la Première Guerre mondiale

The economical dynamics of Algeria's colonial history is usually considered as a continuous process, since 1830 until 1954, of paupérisation, if not « hoboeisation » or even leading to sub proletarization ; this phenomenon could obviously explain the harsh outburst of 1954, with the start of the long national liberation war. However, a deeper look of this history gives evidence that, following a slow regression, one can observe as soon as the end of 19th century, an awakening of demographic trends, sign post of future changes in the material conditions of living. This change is more accentuated for a minority of peasants which, choosing to integrate themselves in the colonial System of profit-seeking agriculture, begin, after World War I, to develop typically colonial speculations (like vineyards for instance), to convert themselves towards an exportation oriented economy which in return allow a rising financial welfare, affording itself a broader real estate based status among algerian peasantry, and even more allowing to acquire some parts of colonial estate. By the end of the thirties this minority became sufficiently relevant in order to allow us to characterize the emergence of an Algerian agricultural middle class between the 1st and 2nd World War.La dynamique économique de l'histoire coloniale de l'Algérie est en général présentée, de 1830 à 1954, comme un processus continu de « paupérisation » sinon de « clochardisation » ou « sous-prolétarisation » de la partie algérienne de la population, phénomène qui expliquerait à l'évidence la rupture violente de 1954 et le déclenchement d'une longue guerre de libération nationale. l'examen plus approfondi de cette histoire montre qu'après une lente régression on observe dès la fin du XIXe siècle un net réveil démographique de cette partie de la population, signe avant-coureur d'un changement de ses conditions matérielles d'existence. Ce changement est davantage prononcé pour une minorité de paysans qui, optant pour l'intégration dans le système colonial de valorisation agricole, commencent, après la Première Guerre mondiale, à s'adonner aux spéculations proprement coloniales (viti-viniculture notamment), se convertir à l'économie d'exportation et de crédit et connaître un début d'aisance financière leur permettant d'élargir leur assise foncière au sein de la paysannerie algérienne ou, même, de racheter quelques terres coloniales. A la fin des années 1930, cette minorité devient suffisamment significative pour qu'on puisse parler de l'émergence d'une classe moyenne paysanne algérienne entre les deux guerres.Henni Ahmed. La naissance d'une classe moyenne paysanne musulmane après la Première Guerre mondiale. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 83, n°311, 2e trimestre 1996. pp. 47-63