Mythe et réalité : la migration des Indiens dans la Caraïbe de 1839 à 1917

For too many historians the recruitment and employment of an Asian indentured labourers on the Caribbean sugar plantation replacing the emancipated slaves was just " another system of slavery " to quote a former viceroy in British India. Historical research, however, shows that the life of an indentured labourer differed significantly front that of a slave. First of all, over time the number of deserters among the recruits in India decline to less than 1 percent indicating that the great majority went overseas voluntarily. Secondly, the demography of the indentured plantation workers was remarkable showing a remarkably high birthrate and a decline in mortality creating demographic growth unheard of among the Caribbean slave populations. No wonder, the percentage of those availing themselves of thefree return passage home after the expiration of their contracts usually remained less than one third and declined over time. In conclusion there is no doubt that the suppression of the "coolie trade " from India was a political act taken under pressure from the Indian élite, Ghandi among them, and not a measure based on economic motives. Protests against the suppression by the Indian communities overseas were of no avail.Trop d'historiens ont réduit le recrutement et l'emploi des travailleurs indiens sous contrat, qui remplacèrent les esclaves émancipés sur les plantations des Antilles, à un « nouvel esclavage »,pour reprendre l'expression d'un ancien vice-roi des Indes britanniques. La recherche historique permet de montrer que la vie d'un travailleur sous contrat différait de manière significative par rapport à celle d'un esclave. Tout d'abord, avec le temps, le nombre de déserteurs parmi les Indiens recrutés tomba à moins d'un pour cent, signe que, dans leur grande majorité, ils avaient traversé les océans de leur plein gré. En second lieu, un trait remarquable concerne la population des travailleurs sous contrat employés dans les plantations. Elle connut une forte natalité et une baisse de la mortalité, à l'origine d'une croissance démographique inconnue des populations d'esclaves des Antilles. Il n'est donc pas surprenant que le nombre de ceux ayant saisi l'opportunité d'un retour gratuit au pays, à l'expiration de leur contrat, n'ait généralement été qu'inférieur à moins d'un tiers, et qu'il ait décliné avec le temps. En conclusion, il est clair que la suppression du « coolie trade » à partir de l'Inde fut un acte politique, décidé sous la pression de l'élite indienne, et parmi elle de Ghandi, et non une mesure fondée sur des raisons économiques. Les protestations émises par les communautés indiennes d'outre-mer contre cette suppression furent sans effet.Emmer Pieter C. Mythe et réalité : la migration des Indiens dans la Caraïbe de 1839 à 1917. In: Outre-mers, tome 89, n°336-337, 2e semestre 2002. traites et esclavages : vieux problèmes, nouvelles perspectives ? sous la direction de Olivier Pétré-Grenouilleau. pp. 111-129