Questions nationales et frontières coloniales

L'absurdité des frontières coloniales a été maintes fois dénoncée. Elles ne sont pas propres à l'Afrique : l'Europe centrale après 1919, le Proche-Orient, les pays du sud-est asiatique, offrent de nombreux exemples de cette « boucherie diplomatique ». Ces frontières contestables n'ont été en fait que très peu contestées au moment des indépendances, et les principaux conflits sont signalés là où, précisément, les frontières coloniales n'ont pas été respectées (Sahara Occidental, Erythrée, ...). Si des frontières ont été si volontiers acceptées, c'est en fait qu'elles correspondaient aussi à une rupture avec des structures coutumières abusives, tel groupe ethnique à cheval sur une frontière prenant son parti de ne pas faire de cadeaux coutumiers au chef traditionnel situé de l'autre côté. Quelque soit le caractère illogique des frontières africaines, le maintien de ces frontières parait actuellement la solution la plus sage pour éviter les conflits.Cornevin Robert. Questions nationales et frontières coloniales. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 68, n°250-253, Année 1981 1981. Etat et société en Afrique Noire. pp. 251-262