L'accaparement des terres au Viêt Nam pendant la période coloniale

During the colonial period of Vietnamese history, the French administration had made great efforts to develop the country's agriculture. Very good results were recorded, particularly in the reinforcement of dikes in the North, the irrigation of unsufficiently water-supplied areas in the North and in the Center, in the drainage works in Cochinchina, and to certain extent by the development of new cultivations and the improvement of cultivation techniques. The rural mass, however, could not get much profit from these beneficial works. Right in the first years of the French présence in Cochinchina, lands were seriously monopolized by European colonizers and Vietnamese collaborators to the French. Many poor and real peasants had to work as tenant-farmers for new landowners, sometimes on their former own properties when they came back to their native villages after the years of troubles. These monopolizations continued to happen during all the colonial period and throughout the country from the North to the South with the usurpation of communal ricefields and lands (by Vietnamese village notables and mandarins, by French colonizers and powerful confessional organizations), usury and all kinds of abuses. These monopolizations of lands and ricefields have been considered by the author as the first and most essential of true conditions of the Vietnamese peasantry behind the good appearance of the country's economy during the French period.Pendant la période coloniale de l'histoire du Viêt Nam, l'administration française avait déployé de grands efforts en faveur de l'agriculture indigène. Ces efforts avaient apporté de très bons résultats particulièrement dans le renforcement des digues au nord, dans l'irrigation des régions insuffisamment alimentées en eau pour la culture du riz au nord et au centre du pays et dans le drainage en Cochinchine. La masse paysanne, cependant, ne put pas bénéficier de ces bienfaits. Dès les premiers jours de la présence française en Cochinchine, les terres avaient été gravement accaparées par les colons européens et les collaborateurs vietnamiens. Beaucoup de pauvres et vrais paysans devaient se faire fermiers des nouveaux propriétaires, parfois même sur leurs anciennes terres, à leur retour aux villages après les années de troubles. Ces accaparements continuaient pendant toute la période coloniale du nord au sud par l'usurpation des terres et rizières communales (par des notables et mandarins vietnamiens, par des colons français et de puissantes organisations confessionnelles, etc.), par le prêt usuraire et par les abus de toutes sortes. Ces accaparements des terres sont considérés par l'auteur comme la première et la plus essentielle des vraies conditions de la paysannerie vietnamienne derrière la bonne façade de l'économie du pays durant ces quatre-vingts années de domination française.Cao Duong Pham. L'accaparement des terres au Viêt Nam pendant la période coloniale. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 72, n°268, 3e trimestre 1985. La péninsule indochinoise et les Européens de la seconde moitié du XVIIIe siècle à 1954 (2e Partie) pp. 257-290