La genèse du recrutement de 1918 en Afrique noire française

In 1918, France requested of her African territories their greatest recruiting effort since the beginning of the war : 47.000 men from French West Africa and about ten thousand from French Equatorial Africa. Actually, the decision taken by Clemenceau, on December 17th 1917, concerned all the French colonies and aimed at finding a solution to the desperate lack of manpower facing France at the end of 1917. It materialized, upon the advice of General Mangin, inspite of the meagre credit done by High Command to the military value of African troops and inspite of the promise made by the former Cabinet to Governor General Van Vollenhoven. But Clemenceau was determined to break down the old animosity of colonial circles, in French West Africa as well as in Algeria, against the recruiting of native troops. And yet it was Clemenceau's policy, decided on January 14th 1918, to lay the responsibility of this new levy upon the African deputy, Blaise Diagne, which was the cause of the most active opposition : protests from upper commercial quarters, the résignation of Van Vollenhoven and even criticism from Mangin. The " Diagne Mission " and the several decrees of January 14th, allowing financial, juridical and social compensations to the people, apparently constituted gestures of good will too compromising for the future not to extend to Africa the debate on military service and the native status opened in Algeria in 1908. These efforts apparently raised a pledge to the claims of the " Young Senegalese " making up the folio wers of Blaise Diagne and Galandou Diouf. Criticism rendered harmless by the spectacular enlisting, the first " opportunity for assimilation " thus presented itself.En 1918, la France demanda à ses territoires d'Afrique noire, leur plus grand effort de recrutement depuis les débuts de la guerre : 47.000 hommes à l' A.O.F., une dizaine de mille à TA.É.F. En fait, la décision prise par Clémenceau le 17 décembre 1917, concernait toutes les colonies françaises et visait à résoudre la dramatique crise des effectifs que traversait la France en cette fin de 1917. Elle fut prise, sur le conseil du général Mangin en dépit du médiocre intérêt qu'attachait le haut commandement à la valeur militaire des troupes noires et de la promesse de l'ajournement de toute nouvelle levée faite en octobre, par le précédent cabinet, au gouverneur général Van Vollenhoven. Mais Clémenceau était décidé à briser la vieille hostilité des milieux coloniaux, en A.O.F. comme en Algérie, au recrutement militaire indigène. Pourtant ce fut la décision politique de Clémenceau, le 14 janvier 1918, de confier la préparation de ce nouveau recrutement en A.O.F. au député noir Blaise Diagne qui provoqua les résistances les plus vives : protestations du grand commerce, démission de Van Vollenhoven, et même critiques de Mangin. La « mission Diagne », et les divers décrets du 14 janvier accordant des compensations pécuniaires, juridiques et sociales aux populations, paraissaient constituer des gestes de bonne volonté trop compromettants pour l'avenir et étendaient à l'Afrique noire le débat sur le service militaire et l'indigénat ouvert en 1908 en Algérie. Ces initiatives paraissaient offrir des gages aux revendications des « Jeunes Sénégalais » qui constituaient la clientèle de Blaise Diagne et Galandou Diouf. L'impuissance des critiques et la réussite spectaculaire du recrutement parurent effectivement offrir la première « occasion de l'assimilation ».Michel Marc. La genèse du recrutement de 1918 en Afrique noire française. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 58, n°213, 4e trimestre 1971. pp. 433-450