La conjuration des Magnats hongrois (1664-1671)

Pour la première fois depuis l'élection d'un Habsbourg au trône de Hongrie, en 1526, la noblesse du pays, traditionnellement divisée, s'est unie contre la tutelle autrichienne. Magnats catholiques et moyenne noblesse protestante, qui constituaient la classe politique hongroise, eurent l'impression d'être abandonnés par le gouvernement de Vienne, lorsque ce dernier signa avec les Turcs la paix de Vasvar en 1664. Les conjurés décidèrent de détrôner Leopold Ier et d'élire roi un prince français. Comme, pour des raisons stratégiques, Louis XIV abandonna les Hongrois en 1668, ceux-ci se tournèrent vers la Porte, qui ne les soutint pas mieux et les dénonça aux autorités autrichiennes en 1670. C'est pourquoi les principaux chefs (Pierre Zrinyi, Nadasdy, Frangepani) furent arrêtés, condamnés à mort et exécutés en 1671, mais le mouvement fut sauvé par l'insurrection que suscita, en dépit d'une répression brutale, la noblesse de Haute Hongrie. Celle-ci trouva un écho favorable parmi les soldats licenciés et les paysans. En fait, le mouvement déclenché par la conjuration des Magnats ouvrit la voie à une crise majeure des relations austro-hongroises et à quarante années d'instabilité politique dans le royaume de Hongrie. S'il fut une erreur, il contribua à sauver l'autonomie de la Hongrie à l'intérieur de la Monarchie autrichienne, s'il fut incapable de restaurer l'indépendance complète du pays.Berenger Jean. La conjuration des Magnats hongrois (1664-1671). In: Complots et conjurations dans l’Europe moderne. Actes du colloque international organisé à Rome, 30 septembre-2 octobre 1993. Rome : École Française de Rome, 1996. pp. 317-345. (Publications de l'École française de Rome, 220