Le protreptique en philosophie : essai de définition d'un genre

Protreptics — works of exhortation, either oral or written — to philosophy had a great period of flourishing in the Ancient world (the corpus extends from the first disciples of Socrates to Thémistius) and constituted a truly autonomous genre. This is the central thesis of the paper. The genre's unity depends on formal and material criteria : these are discourses of introduction — either to an individual practice, or to a theoretical cursus — that present philosophy in terms of its finality and center on the person of the hearer or of the reader, who is called to conversion. Their use, in fact, is intimately connected to forms of Ancient philosophy where philosophy is understood to be a way of life, one that must be fully embraced. But the genre's unity is also related to a difficulty common to the protreptics : they give the object of philosophy — formally presented as happiness — a determination that is frequently problematic (at the end of the protreptic it is not always clear what the concrete content of this object is, or how to attain it). The final section of this paper compares protreptics with two related genres of discourse : propaganda and epideixis, in order to determine precisely the specific features of the philosophic protreptic.Les protreptiques — discours ou ouvrages d'exhortation — à la philosophie étaient très en vigueur dans l'Antiquité (le corpus s'étend des Socratiques à Thémistius) et représentaient un véritable genre autonome, ce qui est notre thèse principale. L'unité du genre repose sur des critères de forme et de contenu : ce sont des discours introductifs — soit à une pratique personnelle, soit à un cursus théorique — présentant la philosophie par sa finalité et centrés sur la personne de l'auditeur ou du lecteur, appelé à se convertir. Leur usage est de fait intimement lié aux formes de la philosophie ancienne entendue comme mode de vie qui est à embrasser dans son ampleur. Mais l'unité du genre tient aussi à une problématique commune aux protreptiques : ils donnent en effet de l'objet de la philosophie — présenté fomellement comme le bonheur — une détermination qui est souvent problématique (au terme du protreptique on ne sait pas toujours quel est le contenu concret de cet objet ni comment l'atteindre). Pour préciser les particularités du protreptique philosophique nous le comparons enfin à deux genres de discours apparentés : le discours de propagande et l'épideixis.Van der Meeren Sophie. Le protreptique en philosophie : essai de définition d'un genre. In: Revue des Études Grecques, tome 115, Juillet-décembre 2002. pp. 591-621