Les pères bénéficiaires de l’APE : révélateurs de nouvelles pratiques paternelles?

Fathers taking parental leave. Towards new fathering practices ? Couples in which the father has opted for the parental childcare leave allowance (Allocation Parental d''Education -APE) are « atypical » compared with couples with the same family situation (two children of which the younger is under 3) but where the father has not taken the APE. Nearly half of the fathers receiving the APE live with a partner of a higher socio-occupational category, 60 % of the female partners have higher earnings, and more than six in ten (65%) fathers live with a female partner who has higher educational qualifications. In the couples where the father was in paid employment before taking up the APE, the woman's earned income is on average higher than the man's. The decision of fathers to interrupt their working lives appears less an individual choice than an initiative of the couple that does not damage the professional trajectory of either partner. Moreover, the division of childcare and household tasks attests to practices associated with-but not openly adhered to-an egalitarian model though without forming a challenge to prevailing gender norms.Les couples où le père est bénéficiaire de l’APE sont « atypiques » comparés aux couples qui présentent la même situation familiale (deux enfants et le plus jeune âgé de moins de 3 ans) mais dont le père n’a pas demandé à bénéficier de cette prestation. En effet, près de la moitié des pères bénéficiaires vivent avec une conjointe au statut socioprofessionnel plus élevé, 60 % des conjointes ont un revenu professionnel supérieur, et plus de six pères sur dix (65 %) vivent avec une conjointe plus diplômée. Parmi les couples où le père occupait un emploi avant de percevoir l’APE, les revenus professionnels de la femme sont en moyenne supérieurs à celui du conjoint. Plus qu’un choix individuel, la décision des pères d’interrompre leur activité professionnelle semble relever d’une mobilisation du couple ne nuisant à la trajectoire professionnelle ni de l’un ni de l’autre. Par ailleurs, la répartition des tâches ménagères et parentales témoigne de pratiques relevant – bien qu’il ne soit pas ouvertement revendiqué – d’un modèle égalitaire ne remettant pas pour autant en cause les normes de genre en vigueur.Boyer Danielle. Les pères bénéficiaires de l’APE : révélateurs de nouvelles pratiques paternelles?. In: Recherches et Prévisions, n°76, 2004. La paternité aujourd'hui. Pratiques, implications et politiques. pp. 53-62