L'un chante, l'autre pas

In the embassy's scene (Iliad LX), the poet presents Achilleus with a phorminx in the hand, singing the klea andron in front of his friend Patro- clus : I show here that the scene is far from being insignificant because it not only allows to characterise the hero but also to emphasize the contrast with Odysseus. This becomes obvious when studying carefully the way the poet uses the musical motive in that scene. The presence of the music sketches the figure of Achilleus as an «amateur singer», a unique and unexpected figure in the context of the Iliad : his performance, inscribed in a procedure that can easily be set up, corresponds mutatis mutandis to that of the professionnel aeds we can find in the Odyssey. Interrupting such an aedic performance, Odysseus who took the head of the ambassy here manifests his con- tempt for music and poetry, as he does elsewhere in the epics. Music (espe- cialy the aedic song) is in fact what, in the epics, unites and reconciles, and at the same times allows to keep off the violence and the values that come with it.Au chant IX de Vlliade, le poète présente Achille, la phorminx à la main, en train de chanter les klea andron devant son ami Patrocle : je montre ici que loin d'être anodine, la scène vise non seulement à caractériser le héros mais aussi à souligner son opposition avec Ulysse. C'est ce que révèle l'étude attentive de la façon dont le poète met en œuvre le motif musical dans ce passage. La présence de la musique permet de dessiner la figure d'Achille en aède amateur, figure unique et étonnante dans le contexte de Vlliade : sa prestation, inscrite dans un protocole que l'on peut aisément recomposer, correspond mutatis mutandis à celle des aèdes professionnels que met en scène V Odyssée. En interrompant sans vergogne une prestation de type aédique, Ulysse qui a pris la tête de l'ambassade révèle ici son mépris pour la musique et la poésie, mépris bien attesté par ailleurs dans d'autres passages de l'épopée. Or la musique (qui accompagne le chant poétique) est ce qui, dans l'épopée, rassemble et réconcilie, en même temps qu'elle permet la mise à distance de la violence et des valeurs qui l'accompagnent.Perceau Sylvie. L'un chante, l'autre pas. In: Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 9, 2005. pp. 65-85