Le Retour d'Ulysse chez Angelopoulos

After the first epic movies which refered to Atrides'tragedy, Travel to Kythera, shot in 1984, marks a turning point in Angelopoulos's work : the beginning of an Odyssean cycle. Travel to Kythera meets Odyssey because, in both epics and movie, individual and political history are blent, the main problem being the interruption of transmission between generations, which means for Angelopoulos between the ancient communist partisans during the Greek civil war and their sons. However, the narrative structure of the epics is completely removed by Angelopoulos : Ulysses won't come back and, if he does, he will be banished again. The narrative doesn't lead to a conclusion and the son is the only one who has to remember and then to repress and forget his father, whose ghost haunts present time as a dream. Instead of trying to rebuild the continuity of time as the homerical poem does, the movie is based on the idea of a « ghostlike » history. It looks like contemporary history needs to be understood the anachronical rising of myths through present reality.Après les premiers filins épiques qui puisaient leurs références dans la geste des Atrides, Voyage à Cythère, réalisé en 1984, marque un tournant et inaugure un «cycle odysséen» dans l'œuvre d'Angelopoulos. La rencontre de Voyage à Cythère avec V Odyssée vient de ce que, dans le poème homérique comme dans le film, s'opère une confusion entre l'histoire individuelle et l'histoire politique, l'histoire collective étant pensée en termes de filiation ou, plutôt, de rupture dans la transmission, c'est-à-dire, chez Angelopoulos, de fracture entre la génération des combattants de la guerre civile et celle de leurs descendants. Toutefois, Angelopoulos modifie de fond en comble l'économie narrative de l'épopée homérique. Ulysse ne reviendra pas ou, s'il revient, ce sera pour être banni à nouveau. Le récit sans conclusion laisse, en outre, à la seule charge du fils, le mouvement d'anamnèse puis le refoulement et l'oubli d'un père dont le fantôme n'a pu hanter le présent que comme un rêve. Tandis que, en restaurant le passé à sa place de passé, le poème homérique visait à la reconstitution d'une continuité temporelle, le film, lui, semble relever d'une conception «spectrale» de l'histoire. Tout se passe en définitive comme si l'histoire contemporaine ne pouvait être rendue pensable que par le surgissement anachronique d'un tissu mythologique venant crever la surface du présentRollet Sylvie. Le Retour d'Ulysse chez Angelopoulos. In: Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 7, 2003. pp. 601-608