Croissance urbaine et espaces verts à Rome

Dans la Rome du début de l'Empire, les grands horti privés, dont le goût s'était répandu à la fin de la République, exposaient leur propriétaire à une double hostilité : celle des habitants de la ville, confinés par la pression démographique dans des quartiers surpeuplés ; celle de l'empereur, qui voyait d'un mauvais œil le prestige que leur conféraient ces domaines en tous points anormaux. D'Auguste à Caligula, l'extension du domaine impérial se fera déjà aux dépens de ces jardins ; mais c'est sous Claude et Néron, au moment même où les préoccupations d'urbanisme portèrent à l'élaboration du projet de la nova urbs, que cette appropriation, apparemment achevée au moment de l'incendie de Rome, prendra la forme d'un antagonisme violent. Au terme de cette période, le centre de la ville était entouré d'une «ceinture verte» contrôlée par le Fisc impérial, aussi importante pour éviter la dégradation qu'aurait entraînée un nouvel accroissement démographique que pour limiter le risque d'un incendie généralisé, et qui permettait en même temps de répondre aux multiples exigences du fonctionnement de la maison impériale.Jolivet Vincent. Croissance urbaine et espaces verts à Rome. In: La Rome impériale. Démographie et logistique. Actes de la table ronde de Rome, 25 mars 1994. Rome : École Française de Rome, 1997. pp. 193-208. (Publications de l'École française de Rome, 230