Les opérations navales en Manche et Mer du Nord pendant l'année 1066

Nous avons tendance à croire, en Normandie, que l'issue du conflit créé par la mort d'Edouard le Confesseur se résolut par un simple duel entre Guillaume de Normandie et Harold Godwinson : il y eut en réalité quatre tentatives d'invasion, dont les trois premières dues à Tosti, frère de Harold, et à Harold Hardrada, roi de Norvège, se montrèrent dangereuses avant d'échouer complètement ; de même, la conquête de l'Angleterre c'est, pour nous, six ou sept heures de durs combats sur la bruyère de Senlac, mais qui furent précédés par six mois de tentatives d'abord bloquées par les vents, puis modifiées par eux en sorte que Guillaume se trouva dans une position d'attaque bien meilleure que celle qu'il avait initialement prévue. Les vents et la mer expliquent tout dans cette étonnante entreprise. C'est ainsi l'histoire navale et météorologique de l'année 1066 qu'a voulu faire l'auteur, pour autant que la rareté des documents le lui a permis. Le déplacement de la flotte normande de Dives au Tréport s'explique à la fois par la nécessité pour elle d'aller chercher le vent du sud dans la région voisine du Pas-de-Calais, et par une tempête essuyée en cours de route. L'étonnant mouillage en pleine mer, après le départ de Saint-Valéry, s'explique par la nécessité d'éviter les courants de marée, et d'arriver dans des conditions suffisantes de sécurité. De cette lutte encore mal connue contre les éléments la physionomie du chef de l'expédition sort encore grandie.Laporte Jean. Les opérations navales en Manche et Mer du Nord pendant l'année 1066. In: Annales de Normandie, 17ᵉ année, n°1, 1967. pp. 3-42