Poétique de l'expression de soi dans l'Alexandreis et la paraphrase du Psaume 50 de Gautier de Châtillon

Can the memorability of the poem, considered as a property of its formal message, be linked to the poem's autobiographical character ? The answer may perhaps be found in the works of Gautier de Châtillon, Latin poet of the late twelfth century and precursor of what would become the Goliard poetic movement. Author of strongly personal rhythmic poems, including a paraphrase of Psalm 50 from the Old Testament, Gautier is above all, in the eyes of his contemporaries, the brilliant author of the epic Alexandreis in dactylic hexameters on the life and heroic acts of Alexander the Great. His work is thus divided in half between his ludicra, composed after the model of vernacular poetry, and his epic poem, following the noblest literary genre of classical Antiquity. The disparate parts of Gautier's work are nonetheless united by the figure of an author desirous of transmitting himself to his reader : directly, through the dialogue between the poet and his work in the Alexandreis ; and also by placing himself beyond discourse and signification, in the sonority and rhythm of lyrical poetry, whose ultimate form is the paraphrase of Psalm 50.La mémorabilité du poème, en tant que propriété du message formel, peut-elle être liée à son caractère autobiographique ? La réponse se trouve peut-être dans l'œuvre de Gautier de Châtillon, poète d'expression latine de la fin du XII s., précurseur de ce qui deviendra au siècle suivant le courant poétique des Goliards. Auteur de poèmes rythmiques marqués par un fort caractère personnel, parmi lesquels la paraphrase du psaume 50 de l'Ancien Testament, Gautier est surtout, pour ses contemporains, l'auteur de génie de l'Alexandreis, poème épique en hexamètres dactyliques racontant le vie et la geste d'Alexandre le Grand. Son œuvre semble ainsi partagée en deux entre les ludicra, composés sur le modèle de la poésie en langue vernaculaire, et l'épopée, modelée sur le genre noble de la poésie antique. Ce qui les unit pourtant, c'est cette figure de l'auteur désireux de se livrer à son lecteur : de manière directe, à travers la mise en scène du dialogue entre le poète et son œuvre dans le prologue de l'Alexandreis ; en s'inscrivant au-delà de l'ordre du discours et de la signification, dans la sonorité et le rythme de la poésie lyrique, dont la paraphrase du Psaume 50 constitue l'aboutissement.Ganeva Martha. Poétique de l'expression de soi dans l'Alexandreis et la paraphrase du Psaume 50 de Gautier de Châtillon. In: Cahiers de civilisation médiévale, 50e année (n°199), Juillet-septembre 2007. pp. 271-288