« Lumière sur les Lumières » ou « contre-Lumières » ? Relire Kritik und Krise de Reinhart Koselleck en contexte(s)

International audienceCet article explore les implications politiques du premier ouvrage de Reinhart Koselleck, Kritik und Krise, en interrogeant son rapport aux « Lumières » et aux « contre-Lumières », dans une perspective contextualiste. J’y défends la thèse suivante : contrairement à ce qu’il laisse entendre dans ses interviews plus tardives, Koselleck n’est pas, dans les années 1950, un représentant des Lumières « modérées » et de l’anti-totalitarisme libéral. Ses travaux historiographiques de l’époque témoignent plutôt d’une oscillation entre différentes positions conservatrices typiques de l’après-guerre (révolution conservatrice et conservatisme traditionnel), qui, toutes, refusent de faire de la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle un pilier de l’identité politique et culturelle ouest-allemande. Cette lecture politique de Kritik und Krise invite ainsi à relire l’ensemble du travail historiographique et théorique de Koselleck à l’aune des débats intellectuels et politiques de son temps