Les oasis présahariennes dans l'Antiquité : partage de l'eau et division du temps

In attempting to understand the specific mode of water distribution in the presaharian oases during the Roman era, as from the disparate archeological data and the rare ancient documents, it has been necessary to investigate examples where the traditional system was valid up to a recent past. The case of Tozeur where the sharing of water attributed to Ibn Chabbath may be considered as referential, exhibits a modulated breakdown of flow through a regular set of dams (khachba), followed by set shared periods of watering time along the terminal feeder-channels. Time-units are determined in diurnal sub-divisions or by the mean of various water-clocks (gadûs) formerly used from Ghadames to the moutain oases. The graduated dam remains still observable in these localities, the mensurated time-units, testified to by Pliny the Elder at Tacapae (Gabès) and by the Lamasba inscription, added to the latin origin of the term gadûs itself, suggests that beneath the surface diversity particular to each case, the same fundamental practices were already customary in berber communities settled around perennial springs of the Roman frontier zone.Pour tenter de comprendre à partir de données archéologiques très fragmentaires et de quelques documents anciens le mode spécifique de répartition des eaux dans les oasis de la zone présaharienne à l'époque romaine, force est de faire appel à des exemples où le système traditionnel était encore en vigueur dans un passé récent. Le cas de Tozeur où le partage de l'eau attribué à Ibn Chabbath peut être considéré comme un modèle du genre, montre un fractionnement modulaire du débit par un jeu de barrages et de partiteurs (khachba), à quoi succède au niveau terminal de la séguia, une division du temps d'arrosage entre les ayants droit. Celui-ci est mesuré en fractions de journée ou bien à l'aide d'une clepsydre (gadûs) qu'on retrouve de Ghadamès aux oasis de montagne. Les vestiges de partiteurs ou de barrages encore visibles en ces lieux, la division horaire du temps d'eau, attestée à Tacapae (Gabès) par Pline l'Ancien et par l'inscription de Lamasba (Merouana), enfin l'origine latine du terme même de gadûs— cadus, suggèrent que sous la grande diversité des modalités particulières à chaque cas, les mêmes pratiques traditionnelles de base étaient déjà connues dans l'antiquité par les communautés berbères établies auprès des sources perennes de la zone du limes.Trousset Pol. Les oasis présahariennes dans l'Antiquité : partage de l'eau et division du temps. In: Antiquités africaines, 22,1986. pp. 163-193