Le retour des Ilche Chanjae/Nittei zanshi (relief de l'impérialisme japonais) en Corée du sud : de l'historiographie nationaliste à l'histoire citoyenne

Japan plays a difficult role in the contemporary historiography of South Korea commensurate with its historical responsibilities towards this nation. Accordingly, Korean nationalism has for a long time taught a writing of history that imposed a range of radical readings which pitted a guilty Japan against a victim, Korea. In this article, we examine a recent theme in South Korea historiography : reliefs of Japanese imperialism and the question of their elimination. Far from being a rehashing of old ideas, this theme instead demonstrates a noteworthy and unexpected revival. From the problem of collaboration to the material and institutional legacy, via social and cultural continuities, it assigns historiography the job of citizens, which is geared toward reunification. Displaying the reliefs of Japanese imperialism is to therefore dismantle the fundamental myths of South Korea and to ask South Koreans themselves to reflect upon their society — even its darker aspects — for its betterment. The fact that history is even written about outside the community of historians illustrates the democratic zeal of the debates. While progress is still unclear, we might wonder if Japanese and American societies, both deeply involved in these questions, are as equally active in this field.Le Japon joue dans l'historiographie contemporaine de la Corée du sud un rôle difficile, à la mesure des responsabilités historiques de l'archipel vis-à-vis de la péninsule. Le nationalisme coréen a ainsi pendant longtemps informé une écriture de l'histoire qui imposait la grille de lecture radicale opposant un Japon coupable à une Corée victime. On s'est donc interrogé sur un thème récent de l'historiographie sud-coréenne : les reliefs de l'impérialisme japonais et la question de leur liquidation. Loin de se résumer au retour d'une antienne, il exprime au contraire un renouveau remarquable et inattendu. Du problème de la collaboration à l'héritage matériel et institutionnel en passant par les continuités sociales ou culturelles, il assigne à l'historiographie une fonction citoyenne orientée vers la réunification. Exhiber les reliefs de l'impérialisme japonais, c'est donc démonter les mythes fondateurs de la Corée du sud et demander à l'histoire qu'elle accomplisse, jusque dans ses zones d'ombre, un travail de la société sud-coréenne sur elle-même et pour elle-même. Que cette histoire puisse s'écrire aujourd'hui en dehors de la communauté historienne témoigne de la vitalité démocratique des débats. Quelque ambiguës que soient leurs avancées, on peut se demander si les sociétés japonaise et américaine — parties prenantes de ces interrogations — sont aussi actives dans ce domaine.Delissen Alain. Le retour des Ilche Chanjae/Nittei zanshi (relief de l'impérialisme japonais) en Corée du sud : de l'historiographie nationaliste à l'histoire citoyenne. In: Ebisu, n°17, 1998. pp. 49-64