Les patrimoines fonciers des sénateurs dans l’Italie républicaine : l’apport des sources épigraphiques

The studies devoted to senatorial property during the Republic have shown, on the basis of the litterary sources, the creation of a gap between two fortune levels in the 1st century BC. The epigraphic documentation confirms this evolution. It is possible to identify senatorial properties through five criteria: the name of the fundus; a local magistrature (the Tarent law requires from a magistrate to be proprietor in the city); an epitaph located on a rural estate; an honorific inscription brought to light in a city where a senator was proprietor; slaves or freedmen who give the cognomen of their senatorial owner. The catalogue of Republican senatorial properties reveals that the senators who held provincial commands possessed fundi in Latium and Campania. On the contrary, recent senators were proprietors in peripherical zones. These senators were introduced into the curia by the imperatores, and some of them made profit on the Sullanian proscriptions. Few were able to escape the Civil Wars, and to hand down their properties to their heirs.Les travaux consacrés aux patrimoines sénatoriaux à l’époque républicaine ont mis en évidence, essentiellement à partir des sources littéraires, l’accroissement des écarts de fortune au sein de la curie durant le Ier siècle av. J.-C. L’examen de la documentation épigraphique confirme dans l’ensemble cette évolution. Les domaines fonciers sénatoriaux peuvent être repérés à partir de 5 données principalement: les textes qui donnent le nom d’un fundus; les inscriptions qui indiquent qu’un sénateur exerça une magistrature locale (il fallait, d’après la loi de Tarente, être propriétaire dans la cité où l’on exerçait une fonction); les épitaphes de sénateurs retrouvées à la campagne; les inscriptions honorifiques provenant d’une cité où l’on sait par les textes littéraires qu’un sénateur était propriétaire; les esclaves ou affranchis de sénateurs qui désignent leur patron par son cognomen. La liste ainsi dressée des biens-fonds sénatoriaux montre que les sénateurs qui avaient exercé des responsabilités provinciales privilégiaient les domaines situés dans le Latium et en Campanie. En revanche, les personnages intégrés le plus récemment au Sénat étaient propriétaires dans des régions plus périphériques. Ces nouveaux sénateurs firent leur entrée à la curie grâce aux imperatores. Plusieurs semblent en particulier avoir acquis leur patrimoine foncier lors des proscriptions syllaniennes. Peu de ces sénateurs réussirent à échapper aux troubles des guerres civiles, et il est vraisemblable que leurs propriétés ne soient pas passées à leurs héritiers.Berrendonner Clara. Les patrimoines fonciers des sénateurs dans l’Italie républicaine : l’apport des sources épigraphiques. In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 16, 2005. pp. 79-99