L'inscription K. 1212 du Vatt Samrong Ek dans la province de Tra Vinh au Viêt-nam

Inscription K. 1212 at Vatt Samrong Ek, in Tra Vinh province, Vietnam. Present day Tra Vinh province - still inhabited by a majority of Khmers - passed under Vietnamese administration in the 18th century. Consequently, when the inscription of Vatt Samrong Ek was written, it had not been under the authority of the King of Cambodia for more than a century. However, inscription K. 1212, as well as the modern inscription on the cement pedestal of the Buddha statue sitting in the vihâra Vatt Samrong Ek, testify to the persistence of cultural (and sometimes symbolic or ritualistic) relations between the Khmer populations living on the Vietnamese side of the border and the Kingdom of Cambodia despite the facts that the political continuum had long been broken off. They reveal also a strong identity awareness, and may be national consciousness, amongst the Khmers of this region - with a quite paradoxical consequence: Khmer temples where traditions (and buildings) are best preserved are mostly to be found... in South Vietnam.La région actuelle de Tra Vinh, qui faisait autrefois partie de la province de Vinh Long, dans le pays de Gia-Dinh, passée sous le contrôle fiscal des Vietnamiens depuis le début du XVIIIe siècle et, quelques décennies plus tard, sous leur administration directe, ne ressortissait plus à l'autorité du roi du Cambodge depuis plus d'un siècle lorsque l'inscription du Vatt Samrong Ek a été rédigée. Actuellement, c'est encore une région dont la population, très dense, est majoritairement khmère. L'inscription K. 1212, de même que l'inscription moderne figurant sur le socle de ciment de la principale statue du Bouddha, à l'intérieur du vihâra du Vatt Samrong Ek, attestent entre autres de la permanence de relations culturelles, voire symboliques ou ritualistes, entre les populations khmères transfrontalières et la monarchie du Cambodge, alors même que le continuum politique est rompu de longue date. Elles témoignent par ailleurs de la vitalité d'une conscience culturelle identitaire, voire d'une forme de conscience nationale parmi les Khmers de cette partie de la Cochinchine - au point que, paradoxalement, les monastères cambodgiens dont les traditions demeurent les plus vivantes et dont les bâtiments sont les mieux conservés se trouvent probablement, de nos jours, au Viêt-nam du Sud.de Bernon Olivier. L'inscription K. 1212 du Vatt Samrong Ek dans la province de Tra Vinh au Viêt-nam. In: Aséanie 9, 2002. pp. 35-46