Le regard manichéen des Français sur l'océan

The French authorities seem te be losing interest in the sea and its professionals. Apparently they are only capable of responding to the difficulties of fishing, shipbuilding and the merchant navy by peripheral measures. Though France has considerable sea environment, it cast a landsman 's eye on it. There is nothing new about this situation : reading the work of such great geographers as E. Reclus and P. Vidal de la Blache reveals that this mode of representation has taken root in geography since late nineteenth century. But along with this lack of interest, the French have become increasingly keen on the sea, as a thing of wonder and a source of hedonistic pleasures. But their fascination cannot be fully accounted for by such considerations. The ocean is the last virgin space of Adventure, as the large number and the popularity of the new heroes crossing it testifies. These two contradictory attitudes are only seemingly paradoxical since both are the manifestations of a continental perception that denies the daily dimension of the sea only to retain its symbolic one.Les pouvoirs publics, en France, semblent se désintéresser de la mer et de ses professionnels. Aux difficultés que connaissent la pêche, la marine marchande et la construction navale, ils ne paraissent pas à même de proposer autre chose que des mesures d'accompagnement. Alors que la France dispose d'un espace marin considérable, elle l'appréhende avec un regard de terrien. Le fait n'est pas nouveau et la lecture des deux grands géographes que sont E. Reclus et P. Vidal de la Blache révèle que ce mode de représentation s'est enraciné dans la géographie depuis la fin du XIXe siècle. Or parallèlement à ce désinvestissement, les Français ont manifesté un intérêt croissant pour la mer, d'abord en la contemplant puis en la plaçant au cœur de pratiques hédonistes. Mais leur fascination ne s 'explique pas par ces seules considérations. L'océan constitue le dernier espace vierge ouvert à l'Aventure comme en témoignent le nombre et la popularité de ces nouveaux héros qui le traversent. Entre ces deux attitudes contraires, le paradoxe n'est qu'apparent car elles sont toutes deux la manifestation d'un regard continental qui nie la mer au quotidien pour n 'en garder que la dimension symbolique.Roux Michel. Le regard manichéen des Français sur l'océan. In: Norois, n°175, Juillet-Septembre 1997. pp. 479-493