L'évolution du statut des migrants en France aux XIXe-XXe siècles

Cultiver l'image de la France accueillante aux étrangers doit servir l'autorité morale et le rayonnement de la France dans le monde. Mais d'un autre côté, pression de l'opinion, soucis d'ordre public et préoccupations de politique étrangère portent les autorités à restreindre le droit d'asile, à surveiller étroitement les étrangers et à limiter leurs activités. Le statut des réfugiés et l'application qui en est faite résultent de ces deux exigences contradictoires, dont le poids respectif a varié selon les époques : statut imprécis laissant beaucoup de place à l'arbitraire, jusqu'à la fin du XIXe siècle; restrictions avec la crise anarchiste; semi-libéralisation au lendemain de la première Guerre mondiale; retour à la rigueur à la fin des années vingt et dans les années trente, en raison de la (v. au verso) force du courant xénophobe, rigueur légèrement atténuée au moment du Front populaire; statut d'exception, du printemps 1938 à la fin de la seconde Guerre mondiale. Conjoncture nationale et conjoncture internationale entraînent ensuite l'adoption d'un régime libéral, partiellement remis en cause depuis les années 70.Guillen Pierre. L'évolution du statut des migrants en France aux XIXe-XXe siècles. In: L'émigration politique en Europe aux XIXe et XXe siècles. Actes du colloque de Rome (3-5 mars 1988) Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 35-55. (Publications de l'École française de Rome, 146