Gênes et Venise : discours historiques et imaginaires de la cité

À travers une réflexion sur les chroniques, sur les récits historiques produits à Gênes et Venise dans les derniers siècles du Moyen Âge, l'objet de cette étude est de confronter les représentations qu'ont et que donnent d'elles-mêmes deux cités à vocation hégémonique. Deux imaginaires différents de l'histoire opposent Gênes et Venise. La première se reconnaît être née à l'histoire seulement lorsque s'est imposée sa puissance commerciale. La deuxième n'en finit pas d'écrire et de réécrire le récit des origines. Ce sont en effet deux rapports différents au temps qui s'individualisent. À Gênes, l'histoire est élaborée en narration parce qu'est éprouvé le besoin de rendre cohérentes l'idéologie politique et les actions de la nouvelle autorité communale. Le récit met en représentation le pouvoir à la fois pour sa légitimation présente et pour la postérité. La situation vénitienne diverge absolument. Ici, l'histoire, en constante création, est actualisée comme le commentaire de l'existence même de la ville. Lorsqu'à Gênes, du fait des mutations politiques, le lien entre l'idée de l'histoire et le pouvoir se défait, l'image génoise se déstructure. Celle de Venise au contraire, preuve d'un point d'équilibre trouvé entre le pouvoir politique, la communauté urbaine et leur système de représentations, se donne une force triomphaliste.Crouzet-Pavan Élisabeth. Gênes et Venise : discours historiques et imaginaires de la cité. In: Le forme della propaganda politica nel Due e nel Trecento. Relazioni tenute al convegno internazionale di Trieste (2-5 marzo 1993) Rome : École Française de Rome, 1994. pp. 427-453. (Publications de l'École française de Rome, 201