L'Italie comme cadre juridique sous le Haut-Empire

La prééminence morale, culturelle et même politique de l'Italie dans le monde romain, depuis l'Antiquité, est un lait incontestable, mais paradoxal : peuplée entièrement de citoyens romains, elle n'est pas une province; mais elle n'est pas non plus assimilable à la Ville. On se demande ici si à cette prééminence morale correspond une prééminence statutaire, exprimée dans des textes normatifs, sous une forme juridique. On envisage d'abord l'organisation fiscale, depuis l'origine du ius italicum jusqu'aux exemptions douanières, qu'on cherche à bien comprendre. Ensuite, le droit privé lui-même : la législation sur le cautionnement, sur le credit, sur les excusationes et les tutelles crée peu à peu un espace juridique italien, intermédiaire entre Rome et les princes. Enfin, dans le domaine des activités civiques (droit de vote, droit d'être candidat aux magistratures urbaines, accès à l'ordre équestre), les Italiens jouissent - moins que les Romains, mais plus que les provinciaux -, d'avantages marqués.Nicolet Claude. L'Italie comme cadre juridique sous le Haut-Empire. In: L'Italie d'Auguste à Dioclétien. Actes du colloque international de Rome (25-28 mars 1992) Rome : École Française de Rome, 1994. pp. 377-398. (Publications de l'École française de Rome, 198