La vie religieuse des matrones dans la Rome archaïque

Bien que les recherches sur la femme en général et la femme antique en particulier soient à la mode, aucune étude d'ensemble n'avait été faite jusqu'ici sur la vie religieuse des dames romaines. L'auteur a choisi de traiter de la période archaïque, la moins connue et la plus surprenante. En suivant l'itinéraire religieux de la matrone on s'aperçoit d'abord que le mariage n'était pas, comme on l'affirme généralement, le seul rite de passage féminin. Des rites particuliers, dédiés à une divinité spécifique, marquaient également le passage de la fillette à l'âge nubile. On discerne même une période initiatique où une pronuba préparait la jeune fille au mariage en lui enseignant ses futurs devoirs d'épouse et en lui révélant les secrets du travail de la laine. Le rituel nuptial, où figuraient l'exhibition du fuseau et l'invocation à la filandière divine Gaia Caecilia, constituait le point final de cette initiation. Le statut matronal qui en est l'aboutissement a donc une signification religieuse : l'épouse uniuira et lanifica exaltée par les inscriptions funéraires incarne l'idéal auquel tendait l'apprentissage initiatique patronné par la Déesse au Fuseau. L'analyse des cultes matronaux eux-mêmes révèle un univers très différent de celui de la religion masculine, tant par ses structures (les matrones constituaient une communauté religieuse quasi autonome ; leurs cultes étaient collectifs) que par ses rites (certains étaient même orgiastiques). On s'aperçoit en outre qu'à l'origine les compétences des divinités matronales étaient multiples, englobant même la guerre et la politique ; aussi à l'époque archaïque la religion matronale ne se bornait-elle pas aux sphères considérées traditionnellement comme féminines : aucun domaine de la vie de la cité ne lui était étranger., . La vie religieuse des matrones dans la Rome archaïque. Rome : École Française de Rome, 1993. 524 p. (Publications de l'École française de Rome, 176