Une charité bien ordonnée : la confrérie du Saint-Esprit à Fribourg à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècles)

Fondée vers 1260, la Confrérie du Saint-Esprit de Fribourg (Suisse), dévotionnelle et funéraire à ses débuts, s'orienta rapidement vers l'action caritative. L'impératif de l'assistance et de la charité l'emporte sur la dévotion pure. La raison et l'intérêt de cette évolution découlent des attitudes religieuses profondes de la population fribourgeoise des XIVe et XVe siècles. Le geste pieux par excellence se concrétise dans la donation «pro anima inter vivos», puis dans le legs : aliénation, jamais négligeable, d'une part ou de la totalité du patrimoine individuel, mais sans qu'une contrepartie liturgique bien définie vienne absorber la substance économique remise en jeu par le don. C'est dans le flux constant des donations et dans l'absence de toute liturgie funéraire proliférante qu'il faut trouver la base de l'indiscutable ampleur du patrimoine de la Confrérie au XVe siècle, prospérité que les pouvoirs publics ne devaient pas manquer de mettre à profit. Dès 1350, au plus tard, la « Grande Confrérie » est soumise au contrôle strict des autorités municipales. Elle est ainsi en passe d'accéder au rang d'office chargé spécialement de l'assistance aux indigents, en même temps qu'elle est sollicitée par les emprunts du Trésor.Morard Nicolas. Une charité bien ordonnée : la confrérie du Saint-Esprit à Fribourg à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècles). In: Le mouvement confraternel au Moyen Âge. France, Italie, Suisse. Actes de la table ronde de Lausanne (9-11 mai 1985) Rome : École Française de Rome, 1987. pp. 275-296. (Publications de l'École française de Rome, 97