Le corps étranglé. Quelques faits et beaucoup de représentations

Quelques faits : dans un contexte, celui de la Grèce des cités, où la mise à mort est rarement sanglante, il y a eu des exécutions par pendaison. Le reste - l'essentiel - est représentations, de ces représentations qui président plus généralement au discours grec à propos de la mort, sur fond de silence et de réticences : à partir de l'image du cou dans le lacet, sur laquelle se bloque le récit d'une pendaison, on s'est attaché à l'équivalence que les Grecs, au contraire des Romains, établissent entre pendaison, étranglement et étouffement - qu'il s'agisse d'une mise à mort ou d'un suicide -; s'interrogeant alors sur ce qui, dans l'imaginaire, fait de la pendaison une mort dévaluée, on s'est intéressé au brokhos, corde pour se pendre et piège de métis, en un mot instrument de femme : parce que le sang n'y est pas versé, parce que précisément le corps s'y étouffe, la pendaison apparaît dès lors comme la plus féminine des façons de (se) donner la mort.LORAUX Nicole. Le corps étranglé. Quelques faits et beaucoup de représentations. In: Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 195-224. (Publications de l'École française de Rome, 79