La domination romaine en Narbonnaise et les formes de représentation des Gaulois

Les décors des nombreux monuments gallo-romains — Glanum et Orange notamment —, riches d'armes et de captifs, matérialisent et véhiculent à l'aube de la paix romaine des images de barbarie qui conduisent à les interroger aujourd'hui autrement. C'est donc d'un point de vue global qu'il faut aborder les divers types et lieux de représentation des Gaulois sur les monuments, dans les textes et sur les monnaies (séries césariennes aux trophées et aux captifs) qui diffusaient très largement les mêmes thèmes et les mêmes images, quand des changements politiques décisifs intervenaient à Rome. La question centrale est donc de savoir comment cette imagerie, avec ses poncifs et ses stéréotypes, a pu contribuer à écrire ou à réécrire l'histoire et comment elle a pu s'articuler aux nécessités de la pacification et de la romanisation en Transalpine aux Ier siècles avant et après J.-C. La parenté étroite des énoncés essentiels permet de mieux comprendre ces formulaires simples qui structurent les attitudes, comportements, caractérisants physiques et ethniques. Leur fonctionnement éclaire l'unité des discours sur la barbarie gauloise qui renvoient à une anthropologie naturelle que la conquête insère dans le temps de l'histoire, l'autrefois et l'aujourd'hui de Strabon. Il apparaît alors que la réduction simplificatrice a pu faire de la typologie simple du Gaulois un lieu privilégié d'explosion de sens et un outil pour agir sur la mémoire vivante des dominés.Clavel-Lévêque Monique. La domination romaine en Narbonnaise et les formes de représentation des Gaulois. In: Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes. Actes du colloque de Cortone (24-30 mai 1981) Rome : École Française de Rome, 1983. pp. 607-635. (Publications de l'École française de Rome, 67