Récents acquis sur la circulation préhistorique de l'obsidienne en Corse

Obsidian represents one of the best markers for exchanges between prehistoric communities. In the Western Mediterranean, Corsica has a particular situation: although more than 100 km from the nearest obsidian source, the island received important quantities of obsidian, especially during the 4th millennium BC. Indeed, for that period, there were thousands of these obsidian items, which represent more than 75% of the lithic artefacts of each assemblage studied. The available data show that Corsican communities mostly received laminar cores, already partially knapped. The same assemblages present, however, a clear deficit in cores, suggesting that most of them then left these sites before being fully exploited. This article provides a survey of research and knowledge to date, over the various chronological periods, regarding the origins of the exploited obsidian and the technical aspects of the relevant productions. At the end of the article, the data thus gathered is included in a wider debate on the possible modes of distribution of this obsidian in Corsica. The hypothesis of the establishment of "knapper pedlar” networks between Sardinia and Corsica during the 4th millennium BC is brought forward, although not yet fully validated and accepted.L’obsidienne représente un marqueur privilégié des échanges entre les communautés préhistoriques. En Méditerranée occidentale, la Corse connaît une situation particulière: bien que localisée à plus de 100 km de la source d’obsidienne la plus proche, l’île a reçu d’importantes quantités de ce matériau, notamment au cours du IVe millénaire av. J.-C. À cette époque en effet, les pièces en obsidienne se comptent par milliers et représentent plus de 75 % des vestiges lithiques de chaque collection étudiée. L’ensemble des données disponibles pour cette période montre que les blocs d’obsidienne étaient principalement introduits dans les sites corses sous forme de nucléus laminaires en cours de débitage. Les mêmes collections montrent toutefois un net déficit en nucléus, ce qui suggère qu’une grande partie de ces derniers repartait des sites avant leur exploitation maximale. L’article présenté dresse le bilan des connaissances actuelles, période par période, en termes d’analyses de provenance des obsidiennes exploitées et d’études technologiques des productions concernées. Enfin, les données ainsi réunies sont insérées dans une grande discussion sur les possibles modalités de distribution de cette obsidienne en Corse. L’hypothèse de la mise en place de réseaux de "tailleurs-colporteurs" entre la Sardaigne et la Corse, durant le IVe millénaire av. J.-C., est proposée, sans pour autant être totalement validée.Costa Laurent Jacques. Récents acquis sur la circulation préhistorique de l'obsidienne en Corse. In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 103, n°1, 2006. pp. 71-85