Quelle Europe pour la France ? Les diplomates de la DAEF et le CNPF entre petite et grande Europe (1957-1958)

What is the best economic European project for France’s industry and for France’s foreign policy? To answer this question, the diplomats used industrialists’ thinking, particularly to understand the consequences of the global European economic projects of the fifties. This question had to be resolved in a very short time, between the beginning of 1957 and the end of 1958, when France had to make a choice between the regulated liberalism of the EEC, and the British project of EFTA (European Free Trade Area), which is larger and more liberal. Although the industrialists and the diplomats were sceptics of both the EEC and the EFTA at the beginning of 1957, the industrialists became gradually more favourable of the EEC. They influenced a few of the diplomats who were most aware of European economic topics. They accepted progressively the EEC, against the English model of the EFTA. The EEC represents a regulated liberalism which would enable French industry to gradually adapt to international competition. But, even if the EEC has been chosen instead of the EFTA, the model of the free-trade area still remains an alternative at the most integrated model of the EEC.Quel est le projet européen le plus favorable à l’industrie français et aux intérêts de la France en général, tels qu’ils sont défendus par le Quai d’Orsay? L’influence des réflexions des milieux industriels est déterminante pour aider à comprendre l’évolution des réflexions des diplomates, particulièrement ceux de la DAEF (Direction des affaires économiques et financières) d’Olivier Wormser. Entre le début 1957 et la fin 1958, la France doit choisir entre deux projets économiques européens aux implications fondamentales pour son industrie, le modèle de libéralisme régulé à Six de la CEE, et la zone de libre-échange (projet ZLE) soutenue par les Britanniques. Les milieux industriels développent des réflexions sur l’harmonisation des conditions de concurrence qui influencent la conception française de l’intégration économique européenne. Pour les diplomates, la CEE devient le moyen de dynamiser le patronat français sans libéralisme débridé. La CEE s’impose car elle représente un projet intégrateur complet, associant libération des échanges et processus de coordination des économies plus volontariste. Au contraire, les compromis définis par la DAEF sur la ZLE ne peuvent s’appliquer malgré le renforcement de la position française induite par le retour au pouvoir du général de Gaulle. Le choix exclusif en faveur de la CEE intervient donc à la fin de 1958 mais l’alternative de la ZLE reste toujours présente, même après la fin de la négociation sur le projet britannique à la fin de 1958.Warlouzet Laurent. Quelle Europe pour la France ? Les diplomates de la DAEF et le CNPF entre petite et grande Europe (1957-1958). In: Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°73, 2004. pp. 10-17