Le cinéma documentaire de Turquie et les fragments de la mémoire arménienne

Cet article propose une analyse des documentaires réalisés en Turquie dans les années 2010, qui retracent le voyage de retour de leur personnage arménien vers les terres d’origine de leurs ancêtres. Il étudie, d’une part, la manière dont ils révèlent le lien spécifique que chacun entretient avec ces terres hantées par la mémoire du génocide, en se focalisant sur la préservation et sur la (re)construction de l’identité dans la période post-génocide, ainsi qu’en collectant dans les régions respectives les fragments persistants des mémoires individuelles ou collectives. Il s’intéresse, d’autre part, à la manière dont ces documentaires opposent l’Histoire officielle d’une Turquie négationniste aux récits individuels de (la famille de) leurs personnages condamnés au silence ou à l’oubli. Il discute finalement la possibilité de ranimer la mémoire collective par le biais de ces documentaires.This article offers an analysis of documentaries made in Turkey in the 2010s, which follows the homecoming journey of their Armenian character to the lands of their ancestors. It studies, on the one hand, the way in which they reveal the specific bond that each maintains with these lands haunted by the memory of the genocide, by focusing on the preservation and (re)construction of identity during the post-genocide period and by collecting in the respective regions the persistent fragments of individual or collective memories. It also examines how these documentaries oppose the official history of a negationist Turkey to the individual stories of (the family of) their characters, condemned to silence or oblivion. It finally discusses the possibility of reviving the collective memory through these documentaries