Artémis bucolique

Les récits étiologiques qui rattachent au culte d'Artémis l'invention des bucoliques s'inscrivent dans le cadre d'une conception générale de la civilisation centrée sur la cité. L'émergence de ce genre poétique y est décrit selon le schéma d'un passage de la sauvagerie à la vie cultivée. Artémis y intervient en tant que divinité présidant à la transition, sous toutes ses formes, entre ces deux domaines : entrée des adolescents dans la vie adulte, démarcation entre Grecs et barbares — voire entre démocratie et tyrannie — , délimitation des terres en friche et des champs cultivés, atténuation du hiatus entre citoyens et marginaux — pouvant aller jusqu'à l'intégration. C'est ainsi qu'elle permet à de grossières chansons de campagnards d'acquérir un statut culturel.Frontisi-Ducroux Françoise. Artémis bucolique. In: Revue de l'histoire des religions, tome 198, n°1, 1981. pp. 29-56