Le choix du conjoint, entre le mythe et la réalite : l'exemple de la vallée de l'Ouzom en Béarn (France) depuis le XVIIIe siècle

Summary. — The genealogical relationships within the village of Arthez d'Asson (Beam, French western Pyrenees) were reconstructed from 1744 to 1975, allowing the study of mate choice and its evolution according to their birth rank, their occupational activity (farming or not) and the rules of heritage. In Beam, it was customary for the eldest child, male or female, to be the sole heir and that heirs had to marry preferentially someone who was not first-bom. These customs do not hold out against statistical analysis. The effect of family size, and particularly the number of younger children, the « cadets », on the possibility to follow the traditional rules is emphasised. The supposed lack of sexual restriction in the choice of heirs with respect to rank, birth order and status is not observed, women being only heirs when it is needed by the family situation in order to keep the inheritance intact. Farmers seem more traditionalists than others, which is reinforced by a high occupational homogamy. In conclusion, custom in Beam does not need to be convincingly observed in order to be a social and a cultural fact.Résumé. — À partir des généalogies reconstituées depuis 1744 jusqu'à nos jours dans le village d'Arthez d'Asson (Béarn), le choix du conjoint et son évolution au cours du temps ont été étudiés en fonction de critères tels que le rang des conjoints dans leur fratrie, leur professsion, en particulier agriculteur ou non, et leur statut d'héritier. La tradition béarnaise veut que le choix préférentiel du conjoint se fasse entre un ou une premier(e) né(e) et une ou un puiné(e) et que la transmission des biens se fasse en faveur de l'ainé(e). Cette tradition résiste mal à l'analyse statistique des données. L'accent est mis sur l'importance de la taille de la famille, et donc sur le nombre de cadets, dans la possibilité de respecter la coutume. Par ailleurs l'absence de préférence sexuelle dans la transmission coutumière des biens n'est pas retrouvée, la femme n'héritant que dans les rares cas où la situation familiale l'exige. Une différence, confortée par une forte homogamie professionnelle, s'observe entre les agriculteurs, plus traditionels, et les autres. En conclusion, la tradition béarnaise ne semble donc pas avoir besoin d'être suivie pour être une véritable réalité socio-culturelle.Darlu Pierre, Jakobi Lucienne, Hochez Joëlle. Le choix du conjoint, entre le mythe et la réalite : l'exemple de la vallée de l'Ouzom en Béarn (France) depuis le XVIIIe siècle. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série. Tome 6 fascicule 3-4, 1994. pp. 199-213