La métamorphose urbaine de Nouméa au lendemain de la guerre

International audienceEn Nouvelle-Calédonie, transformée en quartier général des opérations américaines pour le Pacifique, la guerre de 1940 a semé les graines de changements sociaux majeurs. Les militaires américains sont venus par dizaines de milliers. Postés sur l’île le temps de la guerre, ils sont repartis mais leurs traces imprègnent désormais les esprits et les paysages. Sur le plan humain, la cohabitation égalitaire des soldats noirs et des soldats américains blancs, l’équité des statuts relativement aux grades, la liberté de circulation pour les soldats noirs, et celle de faire du trafic de produits importés, a porté un souffle d’émancipation sociale. Sur le plan urbain, il reste les vestiges et la marque des milliers de résidants temporaires. Dans le sud de la presqu’île de Nouméa jusque là campagnard, se profilent désormais les routes d’accès à des quartiers fraichement sortis de terre et baptisés des noms yankees de Receiving et de Motor-Pool. L’extension du territoire de la ville aux collines boisées du sud s’est produite au rythme fulgurant de la guerre et du séjour des bataillons militaires, trop rapidement pour les capacités d’accompagnement des services municipaux. En conséquence urbanistique de cet afflux de population de passage, la floraison de constructions provisoires dans Nouméa, avec tous les problèmes d'infrastructures que celle-ci entraîne, et avec eux, comme l’indique Mac Taggart (1972, p. 301), des problèmes de contrôle sanitaire, d’adduction d’eau potable, de gestion du réseau d’eau, de développement des transports urbains et des accès portuaires. La ville devait alors prendre en mains son destin urbain, et comme on va le voir, elle le fit avec constance et détermination dans les décennies suivantes