The Solidarity economy revisited : forms of entrepreneurship and participation in the face of autonomy as norm and value

L'économie solidaire est née au cœur des années 1980, dans une configuration marquée par la problématique du chômage et de l'effritement du salariat. L'enjeu de cette thèse est de revenir sur les choix théoriques faits à cette époque, mélangeant notions habermassiennes et polanyiennes. Ceux-ci ont laissé largement irrésolu une certaine tension entre l'autonomie comme norme, idéal et injonction, et la condition réelle des individus des sociétés démocratiques, individus inégalement supportés face à cette normativité contemporaine. Explicitant l'impasse théorique dans laquelle ils nous laissent, nous proposons de rompre avec le paradigme délibératif et de renouer avec les premiers développements de l'économie solidaire. Ceux-ci cherchaient à faire la théorie des activités du tertiaire relationnel, soit des activités qui construisent et constituent des supports face aux processus de désaffiliation et cherchent à compléter, voire à dépasser l'emploi comme rapport d'affiliation central dans nos sociétés. Ces premiers développements sont étayés et augmentés par des apports de l'économie institutionnaliste et de sociologies portant sur l'autonomie-condition, les classes populaires ou l'urbain. Ces derniers éclairent les difficultés et les clivages que provoquent cette normativité au sein de ces groupes sociaux. Cet appareillage théorique renouvelé nous amène à mettre à jour la centralité du travail professionnel dans ce type d'activités. Nous proposons alors un cadre d'analyse qui appréhende les pratiques professionnelles qui y sont mises en œuvre à travers deux fonctions, une fonction entrepreneuriale et une fonction d'animation. Elles font face à trois enjeux : de coordination, de valorisation et de participation. Enfin, à travers deux cas pratiques, nous donnons à voir comment peuvent concrètement s'articuler ces fonctions et enjeux, dans le cadre de projets œuvrant dans les mises en forme contemporaines de la question sociale, accompagnant et se confrontant aux évolutions des régulations sectorielles structurant les politiques sociales. Nous voyons dans ce cadre comment elles apportent des réponses locales et contextuelles à la tension démocratique, entre idéal d'émancipation et injonction à la participationThe Solidarity economy was born in the 1980s, in a context marked by massive unemployment and the erosion of the swage labor society. The aim of this dissertation is to revisit the theoretical choices made at that time, fueled by Habermassian and Polanyian notions. They nevertheless left largely unresolved a certain tension between autonomy as a norm, ideal and injunction, and the real condition of individuals in democratic societies, individuals who received unequal support in the face of this contemporary normativity. After discussing the theoretical impasse which ensued, we propose to break with the deliberative paradigm and return to the initial developments of the Solidarity economy. They attempted to theorize the activities of the “relational tertiary sector”, activities that build supports to help individuals face disaffiliation processes and seek to supplement or even go beyond employment as the central affiliation relationship in our societies. These early developments are then enhanced by contributions from institutional economics and sociologies (autonomy and individualism, lower classes and urban sociology) that highlight the difficulties and the divisions provoked by this normativity within these social groups. This renewed theoretical frame allows us to rehabilitate the importance of professional work in this type of activity. We propose an analytical framework which perceives the professional practices of these activities through two functions, an entrepreneurial function and an animation function. Those functions face three challenges: coordination, promotion and participation. Finally, in two case studies, we show how these functions and challenges can be concretely articulated through the contemporary framing of the social question or accompanying and confronting changes in social policy regulations. Last but not least, we see how those projects provide local and contextual responses to democratic tension, between ideal of emancipation and injunction for participatio