The remanufacturing activity : from the construction of potentials to the development of competencies to anticipate future work.

À l’échelle mondiale, le développement de l’économie industrielle circulaire est d’autant d’actualité qu’il est question d’économiser et d’accroître la durabilité des matières premières dans l’optique de repousser le risque de leur épuisement. Amorcé Outre-Atlantique, le remanufacturing fait partie de ces processus circulaires qui se distingue par la particularité de permettre à desproduits usagés de retrouver une seconde vie par un nouvel état « comme neuf ». (Re)faire un produit avec des enjeux de garanties et de qualité industrielle similaires à la conception originelle à partir de pièces usagées, nécessite dès lors de s’interroger sur la manière d’y parvenir. Pour l’ergonomie, le remanufacturing ré-interroge le cadre connu des activités et amène à la question des compétences mises en oeuvre dans l’activité par les opérateurs pour atteindre cet objectif. Dans une perspective d’analyse ergonomique, le remanufacturing est une hybridation des processus de maintenance industrielle et de production neuve, caractéristique d’un travail sur les potentiels des pièces du produit. Dès lors, l’objet de cette recherche est de s’intéresser à la mise en oeuvre par les opérateurs des régulations individuelles et collectives en réponse aux variabilités et dans l’objectifd’accroître le panel des potentiels spécifiques de l’activité, leur permettant de construire des compétences pour (re)faire ou détourner l’usage originel du produit. La méthodologie est scindée en deux temps. Pour commencer, une étude exploratoire permettant d’identifier différents acteurs impliqués dans le remanufacturing français. Puis, à partir de cette étude exploratoire une demande industrielle a été construite pour étudier les compétences des opérateurs aux phases d’expertises, de démontage et de remontage de produits caractéristiques d’un contexte ferroviaire. Le recueil de données comporte les réponses des acteurs des entretiens exploratoires, les réponses in situ des opérateurs, les réponses lors des entretiens d’allo-confrontation ainsi que les traces de l’activité lors des sessions d’observations. Les résultats exploratoires montrent notamment des problématiques rencontrées au niveau des phases d’assemblage et de désassemblage, des enjeux de disponibilité des pièces, un manque d’accès aux informations des documents techniques de conception, une matière en l’état qui dicte la création, l’achat de pièces neuves selon les temporalités de traitement ou encore des compétences de bidouillage et de hacking. Les résultats de l’étude générale montrent queles opérateurs construisent des compétences pour conserver de la matière, de sorte à (re)faire un produit unique à partir d’une association entre des pièces anciennes reprises et des pièces neuves. La ré-insertion des pièces anciennes dans le produit se fait également au détriment d’une utilisation similaire à la première vie, par une anticipation des futures maintenances pour conserver la qualité de fonctionnement global du produit. Les compétences pour associer des pièces différentes dans le but de former un produit fini est également rendu possible par l’esthétisme externe visuellement « comme neuf », permis par une reprise des pièces connexes internes. La reprise des pièces estégalement le fruit de connaissances d’experts sur les tolérances des pièces qui dépassent les normes. L’activité collective permet aux opérateurs de construire un produit fini à partir des pièces reprises pour former un ensemble d’usage « comme neuf », à partir de la compatibilité des pièces et leurintégration par des mises en contrainte progressive. Enfin, les situations inédites dans le remanufacturing donnent aux opérateurs la possibilité de créer un produit unique.On a worldwide scale, the development of the circular industrial economy is at the heart of today’s consideration, notably for the question of saving and increasing the sustainability of raw materials in order to push back the risk of their exhaustion. Started in the United States, remanufacturing is one of these circular processes which is distinguished by the particularity of allowing used products to recover a second life in “like new” condition. (Re)making a product with issues of guarantees and industrial quality similar to the original design from used parts, call for questioning how to achieve this. For ergonomics, remanufacturing re-questions the current conceptual framework activities and leads to the question of the competencies implemented in the activity by the operators to reach this objective. From an ergonomic perspective, remanufacturing is a hybridization of industrial maintenance and new production processes, set oneself apart by the potential of product parts. Therefore, the object of this research is to focus on the implementation by operators of individual and collective regulations in response to variability and with the aim of increasing the range of specific potentials of the activity, enabling them to build competencies to (re)make or divert the original use of the product. The methodology is split into two times. In the first instance, an exploratory study to identify different actors engaged in French remanufacturing. Then, from this exploratory study, an industrial request was built to study the competencies of operators in the phases of expertise, dismantling and reassembly of products characteristic of a railway context. The data collection includes the answers of the actors of the exploratory interviews, the answers of the operators during observations, the answers during the allo-confrontation interviews as well as the traces of the activity during the observation sessions. The exploratory results show problems during the assembly and disassembly phases, issues of availability of parts, lack of access to information from technical design documents, material in the state that impose creation, the purchase of new parts according to processing times or even hacking competencies. The results of the general study show that operators build competencies to conserve material according to the sensitivity, so as to (re)make a unique product from an association between old parts and new parts. The re-insertion of old parts in the product is also done to the detriment of a use similar to the first life, by anticipating future maintenance to maintain the overall quality of the product. The competencies to combine different parts in order to form a finished product is also made possible by the visually “like new” external aesthetics, enabled by a recovery of internal related parts. The rework of parts is also the result of expert knowledge of tolerances of the parts that exceed standards. The collective activity allows operators to build a finished product from the parts taken over to form a set of uses « like new », from the compatibility of the parts and their integration by progressive constraint. Finally, new situations in remanufacturing give operators the possibility of creating a unique product