Éthique du soin et design, une nouvelle façon d’habiter le monde ou de cohabiter

International audienceThe COVID epidemic has recently brought to light a set of bonding professions that meet essential needs that are rarely valued in normal times. For thirty years, numerous feminist researches on the capacity to take care of others have not ceased to recognize this invisible work and the values that accompany it. In France, the ethics of care, which explores the moral values common to all gestures of service and care, remains a reflection that struggles to emerge in the political discourse in connection with a poor reception of care (Molinier, Laugier, Paperman, 2009). Yet the word care has various meanings (Honoré 2017). It can be applied to things, to the body (as a body-object and body-subject), to oneself and to the other, but also to the world (taking care of the world in which we live and of the conditions of living together) The purpose of this paper is to try to understand if the perspective of care between ethics of care and design (Fleury, 2020) would allow to live differently the notion of cohabitation, that is to say in the encounter of others and the world. Entering the "care world" (Molinier, 2018) would transform our vision, but also our way of moving in public and private spaces. To do so, a study of the French-speaking scientific literature was conducted using the Cairn database. The methodology used consisted of an advanced search of humanities journals for the period 2015-2020 based on key words. The first results show how French-speaking research questions the notion of care, in particular the links between care, human communities and the environment, and allow us to question what is at stake in the humanities in the context of contemporary vulnerabilities. In conclusion, I will propose some points of reference on the interest of an approach based on care as a contemporary foundation for cohabitation, in the sense of a "social design", based on the idea that a policy of listening centered on the concern for the Other and which grants a central place to the subject, could have individual and collective effects on health, care, education and training in the era of the Anthropocene.L’épidémie du COVID a mis récemment en lumière un ensemble de métiers de lien qui répondent à des besoins essentiels et rarement valorisés en temps normal. Depuis trente ans, de nombreuses recherches féministes sur la capacité de prendre soin d’autrui n’ont eu de cesse que ce travail invisible et les valeurs qui l’accompagnent ne soient reconnues. En France l’éthique du care qui explore les valeurs morales communes à l’ensemble des gestes du service et du soin reste une réflexion qui peine à émerger dans le discours politique en lien avec une malréception du care (Molinier, Laugier, Paperman, 2009). Pourtant le mot soin ou care a diverses significations (Honoré 2017). Il peut être porté aux choses, au corps (en tant que corps-objet et corps-sujet), à soi-même et à l’autre, mais aussi porté au monde (prendre soin du monde dans lequel nous vivons et des conditions du vivre-ensemble) L’objet de cette communication tente de comprendre si la perspective du care entre éthique du soin et désign (Fleury, 2020) permettrait de vivre autrement la notion de cohabitation, c’est-à-dire dans la rencontre d’autrui et du monde. Entrer dans le « care monde » (Molinier, 2018) transformerait notre vision, mais aussi notre façon de se mouvoir dans les espaces publics et privés. Pour ce faire une étude de la littérature scientifique francophone a été réalisée à partir de la base de données Cairn. La méthodologie utilisée a consisté en une recherche avancée sur les revues de sciences humaines pour la période 2015-2020 à partir de mots clés. Les premiers résultats montrent comment la recherche francophone interroge la notion du care, en particulier les liens entre le prendre soin, les communautés humaines et l’environnement, et permettent de questionner ce qu’il en est des enjeux des humanités dans le contexte des vulnérabilités contemporaines.Je proposerai en conclusion des repères sur l’intérêt d’une approche par le prendre soin comme socle contemporain de la cohabitation, au sens d’un « design social », à partir de l'idée qu’une politique de l’écoute centrée sur le souci de l’Autre et qui accorde une place centrale au sujet, pourrait avoir des effets individuels et collectifs sur la santé, le soin, l’éducation et la formation à l’ère de l’anthropocène