Le risque rabique associé aux chiens et aux chats en France métropolitaine : analyse quantitative et modalités de gestion

Metropolitan France is free of rabies in non-flying mammals, but the risk of rabies persists, particularly in connection with domestic carnivores. The latter can, through transboundary movements, introduce the virus into France and contribute to the exposure of local animal and human populations, and even initiate the spread of the virus in the country.The aim of this work was to quantify the rabies risk associated with domestic carnivores in metropolitan France and to evaluate the associated management measures. To do so, the probability of introduction of the rabies virus in metropolitan France was studied through stochastic modeling using scenario trees. Then, the potential of virus spread was quantified through the development of a mechanistic model based on contact networks between dogs. The surveillance system of healthy biting dogs and cats was also studied following a benefit-risk approach.The results showed that the probability of rabies virus introduction through non-commercial movements of domestic carnivores was rather high with a median probability of at least one annual virus introduction of 0.24. The results indicated that the potential for spread of the virus under current management measures was very limited with only slightly less than 10% of introductions resulting in at least one secondary transmission event within dog populations. The value of rabies risk management measures has also been studied, revealing, for example, the importance of rabies vaccination of domestic carnivores to prevent virus introduction in the context of transboundary movements, whereas the waiting period before the importation of a domestic carnivore had a negligible effect. For the prevention of the spread of virus, the management of contaminated dogs, identified through an epidemiological investigation, was important. Also, the pre-existing rabies vaccination coverage contributed to reduce this potential of spread. In the evaluation of the surveillance system of apparently healthy biting animals, which aims to prevent rabies zoonotic transmissions, it was shown that the latter was not beneficial in the current French context.These results allow us to better understand the current rabies risk in metropolitan France and to formulate recommendations on its management. These elements can therefore directly inform decision makers in animal health or public health in order to update the control measures of this major zoonosis.La France métropolitaine est indemne de rage des mammifères non volants mais le risque rabique persiste, notamment en lien avec les carnivores domestiques. Ces derniers peuvent, à la faveur de mouvements transfrontaliers, introduire le virus sur le territoire français et ainsi contribuer à exposer les populations animales et humaines locales voire à initier une diffusion du virus sur le territoire.Ce travail visait à quantifier le risque rabique associé aux carnivores domestiques en France métropolitaine et à évaluer les mesures de gestion associées. Pour ce faire, la probabilité d’introduction du virus rabique en France métropolitaine a été étudiée au travers de travaux de modélisation stochastique par arbres de scénarios. Ensuite, le potentiel de diffusion du virus a été quantifié par le développement d’un modèle mécanistique reposant sur des réseaux de contacts entre chiens. Le dispositif de surveillance des chiens et des chats mordeurs sains a également été étudié selon une approche bénéfice-risque.Les résultats ont montré que la probabilité d’introduction du virus rabique par l’intermédiaire des mouvements non commerciaux de carnivores domestiques était plutôt élevée avec une probabilité médiane d’au moins une introduction annuelle du virus de 0,24. Pour ce qui est du potentiel de diffusion, les résultats ont indiqué qu’avec les mesures de gestion actuelles ce dernier était très limité, avec seulement un peu moins de 10 % des introductions aboutissant à au moins un évènement de transmission secondaire au sein des populations de chiens. L’intérêt des mesures de gestion du risque rabique a également pu être étudié, révélant, à titre d’exemple, l’importance de la vaccination antirabique des carnivores domestiques dans le cadre des mouvements transfrontaliers pour prévenir l’introduction du virus, alors que la période d’attente avant importation d’un carnivore domestique avait un intérêt négligeable. Pour la prévention de la diffusion du virus rabique sur le territoire, la gestion des chiens contaminés, identifiés dans le cadre d’une enquête épidémiologique, se révélait importante. De même, la couverture vaccinale antirabique préexistante contribuait à réduire ce potentiel de diffusion. Dans le cadre de l’étude spécifique du dispositif de surveillance des animaux mordeurs sains qui vise à prévenir les transmissions zoonotiques, il a été montré que ce dernier n’était pas bénéfique dans le contexte français actuel.Ces résultats permettent de mieux appréhender le risque rabique actuel en France métropolitaine et de formuler des recommandations sur sa gestion. Ces éléments peuvent donc directement informer les décideurs en santé animale ou en santé publique afin d’actualiser la lutte contre cette zoonose majeure