Perception du temps et mémoire chez Aristote

La perception du temps et la mémoire sont présentés dans leur spécificité et dans leur rapport réciproque. Après avoir rejeté deux interprétations, celle selon laquelle la perception du temps est différente chez l’homme et chez les autres animaux, et celle selon laquelle le temps est perçu par la sensation commune, est proposée l’hypothèse de lecture suivante : la perception du temps présuppose des sujets sentants et doués d’imagination. Cela permet de reconstituer, dans un cadre unitaire, la différence et en même temps la coopération entre les facultés de la partie sensitive de l’âme et de montrer que la mémoire, qui présuppose la perception du temps, conserve de façon stable les images. En ce sens elle ordonne les données provenant de la sensation via l’imagination selon une disposition chronologique, disposition sans laquelle ces données seraient illisibles, voire inutiles et inutilisables.Memory and the perception of time are presented in their specificity and in their reciprocal relation. After rejecting two interpretations, one according to which humans’ perception of time differs from that found in the other animals, and one according to which time is perceived by a common sensation, the following interpretative hypothesis is proposed : the perception of time presupposes beings endowed with sensation and imagination. This hypothesis permits the reconstruction, in a unitary framework, of the difference, and at the same time the cooperation, between the faculties of the soul’s sensitive part, and to show that memory, which presupposes the perception of time, firmly preserves images. In this sense memory orders the data originating from sensation via the imagination according to a chronological disposition, without which disposition this data would remain illegible, indeed even unused or unusable