Arabisants du Moyen Age et de la Renaissance : Jérôme Ramusio ( 1486) correcteur de Gérard de Crémone ( 1187)

Danielle Jacquart, Arabisants du Moyen Age et de la Renaissance : Jérôme Ramusio († 1486) correcteur de Gérard de Crémone († 1187). — Bibliothèque de l'École des chartes, t. 147, 1989, p. 399-415. Traduit une première fois à Tolède, dans la seconde moitié du XIIe siècle, par Gérard de Crémone, le Canon d'Avicenne continua à intéresser les médecins de la Renaissance qui souhaitèrent disposer d'une version latine plus fiable. L'entreprise de Jérôme Ramusio, restée inachevée et inédite, marque le début d'une série de révisions et de nouvelles traductions ; le manuscrit arabe 2897 de la Bibliothèque nationale, autographe, en conserve l'ébauche. C'est pendant les trois années qu'il passe à Damas à la fin de sa courte vie que J. Ramusio, médecin, mais aussi poète et aventurier, entreprend de transcrire le livre I du Canon et de refaire une traduction latine qu'il place entre les lignes du texte arabe. Il change quelque peu l'ordre de l'original, pour des raisons qu'il justifie en note. Il signale les omissions et les maladresses de la version latine médiévale. Conscient que l'un des défauts majeurs du travail de Gérard de Crémone tient à la présence de multiples translitérations, il propose des équivalents latins pour certaines d'entre elles. La tâche dépassait ses capacités linguistiques et scientifiques ; ses solutions manifestent le plus souvent qu'il n'a pas saisi le sens, parfois complexe et ambigu, des mots que le traducteur médiéval avait jugé plus raisonnable de laisser en arabe. Les commentateurs latins des XIVe et XVe siècles arrivaient d'ordinaire à de meilleures solutions, en s'aidant de lexiques ou en comparant des textes d'origine différente sur un même sujet. Quant à André Alpago, auteur d'une révision du Canon latin dont la première édition parut, à titre posthume, en 1527, il préféra garder les translitérations de Gérard de Crémone, mais composa un lexique détaillé pour les expliciter. Malgré son caractère inachevé et maladroit, qui limita son utilité, l'entreprise de J. Ramusio servit de symbole aux réviseurs de la Renaissance qui y virent un encouragement à revenir au texte arabe. Elle témoignait aussi d'un amour de l'Orient que les traducteurs médiévaux n'avaient guère connu.Jacquart Danielle. Arabisants du Moyen Age et de la Renaissance : Jérôme Ramusio ( 1486) correcteur de Gérard de Crémone ( 1187). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1989, tome 147. pp. 399-415