La Praguerie en Poitou.

La grande révolte seigneuriale du règne de Charles VU naît des intérêts particuliers et des rivalités des Grands, de l'ambition du jeune dauphin Louis. Son foyer principal est en Poitou, du fait des positions territoriales de quelques-uns des principaux artisans du mouvement, Jean d'Alençon, Georges de La Trémoïlle, Jean de La Roche. L'occasion immédiate en est l'affirmation de la volonté royale d'une remise en ordre du royaume, laquelle menace directement bien des positions acquises par les Grands au cours des troubles de la guerre. Or, c'est en Poitou qu'ont lieu les premières mesures d'application de cette remise en ordre. Les princes se soulèvent ouvertement au printemps de 1440 à partir de Niort et marchent vers la capitale de la province, Poitiers. Ils sont arrêtés presque aussitôt par la résistance décidée des bourgeois et des moines de Saint-Maixent que l'incapacité du capitaine de la ville a laissés à leurs seules forces. Prévenues en toute hâte par ces derniers, les troupes royales gagnent immédiatement la ville que les chefs rebelles abandonnent aussitôt. Les révoltés, uniquement préoccupés de leurs ambitions personnelles, n'ont pas mesuré la progression de l'autorité du souverain, bien soutenue par le parti « angevin ». Ils ont surtout ignoré combien le sentiment monarchique était dès lors solidement implanté dans les populations. La détermination d'une poignée de bourgeois et de quelques moines a ainsi brisé, en vingt-quatre heures, l'élan de la rébellion, d'une façon finalement plus décisive que n'aurait pu le faire la garnison royale de la redoutable forteresse de Lusignan, à quelque distance de là sur la route de Poitiers.Favreau Robert. La Praguerie en Poitou.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1971, tome 129, livraison 2. pp. 277-301