Le mausolée anonyme de Thuburnica

Naïdé Ferchiou, Le mausolée anonyme de Thuburnica, p. 665-705. Thuburnica est une ville ancienne qui a connu un mélange de populations particulièrement important, et ceci probablement dès la période numide. Marius, César et Auguste y ont installé des vétérans, et la ville elle-même a été promue au rang de colonie. Le mausolée présenté au cours de cette étude constitue très certainement un reflet des courants culturels et artistiques qui ont successivement marqué la ville. Il a l'aspect d'une tour à deux étages, dont celui du bas est le plus richement orné. C'est le caractère dichotomique de ce dernier qui a retenu notre attention, à cause des sérieuses différences d'ornementation qui caractérisent les deux moitiés nord et sud du bâtiment (deux sondages). Le décor de l'édifice est curieux : loin de se rattacher au répertoire romano-impérial qui est celui des monuments funéraires africains des siècles suivants, (v. au verso) il dérive de l'art tardo-hellénistique de l'Afrique antique, mêlé à des composantes venues, semble-t-il, d'Italie (IIe-Ier siècles av. J.-C). Loin de mériter le jugement sévère que Ch. Tissot a porté sur lui, ce mausolée nous semble donc jeter un jour nouveau sur les structures mentales des Thuburnicenses, sur leur conception du monument funéraire et sur leur vision du décor.Ferchiou Naïdé. Le mausolée anonyme de Thuburnica. In: Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, tome 98, n°2. 1986. pp. 665-705