Traumatisme crânien isolé sous antithrombotique du patient institutionnalisé asymptomatique :impact du scanner cérébral aux urgences

Contexte : dans notre société vieillissante, la chute du sujet âgé demeure un véritable enjeu de santé publique. L’une des conséquences redoutées est le traumatisme crânien, au décours duquel les recommandations de 2022 nous rappellent que la prise d’un traitement antithrombotique doit faire réaliser un scanner cérébral dans un court délai. L’unique façon aujourd’hui de respecter ces recommandations est une consultation aux urgences. Or, l’engorgement de ces derniers est au cœur de l’actualité, les temps d’attente y sont historiquement élevés et nous savons qu’ils sont associés à une hausse de la morbimortalité pour les personnes âgées.Objectifs : évaluer l’impact du scanner cérébral aux urgences pour les patients institutionnalisés asymptomatiques ayant subi un traumatisme crânien isolé sous antithrombotique, évaluer les conséquences de ce passage aux urgences et discuter d’une optimisation de la prise en charge de la population gériatrique dans le cadre de cette pathologie spécifique. Plan de l’étude : Il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective incluant 102 patients, effectuée entre mai 2021 et mai 2022. Les critères d’inclusion étaient un âge supérieur à 65 ans, être institutionnalisé, consulter aux urgences pour un TC, être sous antithrombotique. Étaient exclus les patients consultant pour plusieurs motifs et ceux présentant une altération de leur état neurologique habituel.Résultats : notre cohorte dénombre 70,6% de femmes contre 29,4% d’hommes ayant en moyenne 88,7 ans. 55,88% des patients étaient sous antiagrégation plaquettaire et 49,02% sous anticoagulant. La durée moyenne de passage aux urgences pour les patients inclus fut de 7 heures. Parmi les 102 scanners réalisés, 82,35% ne retrouvaient pas d’anomalie pour l’âge, 10,78% présentaient une lésion osseuse, 3,92% un hématome sous-dural et 2,94% une hémorragie sous-arachnoïdienne. A l’issue de leur prise en charge aux urgences, 89,22% des patients sont rentrés à domicile, 10,78% ont été hospitalisés dont 5,88% présentaient une lésion hémorragique au scanner. La durée moyenne d’hospitalisation fut de 8,55 jours, aucune prise en charge spécifique du saignement intracérébral n’a été effectuée et l’intégralité des patients sont ensuite rentrés à leur domicile.Conclusion : le diagnostic aux urgences d’un saignement intracérébral paraît annoncer une hospitalisation chez les patients inclus dans notre étude principalement par la nécessité d’une surveillance neurologique et l’indication d’un contrôle scanographique. Cependant, aucune prise en charge spécifique du saignement n’a été faite. On sait qu’un passage aux urgences pour les patients âgés n’est jamais anodin. De nombreuses structures hospitalières sont en train de repenser l’urgence gériatrique et ainsi que créer des filières plus adaptées aux personnes âgées. Les patients de notre échantillon étant domiciliés dans une structure médicalisée, nous avons tendance à appuyer une éventuelle prise en charge ambulatoire via de nouvelles solutions proposées