Creative instinct : Nikolai Evreinov, between theatre and anthropology

Le nom de Nicolas Evreinov, figure incontournable du théâtre russe du début du XXe siècle, oublié pour raisons politiques, revient à la fin du siècle avec la naissance des disciplines suivantes : « performance studies », ethnoscénologie, anthropologie théâtrale. Son approche pluridisciplinaire de l’étude du théâtre fut unique pour son époque. Il relève en effet les origines du théâtre dans les rites, la religion et la nature - théâtre chez les animaux, homme primitif, théâtre indigène, jeux d’enfants. Il s’appuie sur des sciences telles que psychologie, psychanalyse, physiologie. En outre, il tient compte de la richesse infinie des formes et des traditions théâtrales apparues au cours de l’histoire. Au-delà de la redécouverte de sa « philosophie du théâtre », c’est sa façon d’entremêler le théâtre comme œuvre d’art avec la créativité transformatrice quotidienne de l’être humain qui va retenir notre attention. On se penchera sur les conceptions imaginées par Evreinov basées sur ce qu’il nomme « l’instinct de théâtralité ». Elles oscillent entre trois dimensions : l’une artistique, l’autre sociétale, et la dernière correspond au croisement de celles-ci. Différents visages de l’homme créateur se manifestent au travers de cette triple dimension : le comédien dont l’efficacité sur scène repose sur de nombreux composants (enthousiasme, corporéité, maîtrise de nombreux arts, etc.) ; le spectateur actif (dans les spectacles où la mise en scène le permet, les carnavals, etc.) ; le rebelle ou Don Quichotte, qui cherche la transformation dans la vie (il s’agirait des cas de transgression, mais aussi de maladie, d’exclusion) ; et enfin l’homme qui joue (« performe ») consciemment ou pas dans le quotidien. Ces visages se confondent constamment. Nous les présentons dans cette thèse à travers l’analyse des mises en scènes d’Evreinov, de ses pièces, de ses écrits théoriques, mais aussi de sa vie. Cette thèse ouvre la voie à une certaine appréhension de l’homme selon le prisme théâtral, dans la continuité de l’œuvre de Nicolas Evreinov, dont beaucoup reste à explorerThe name Nicolas Evreinov, a major figure in Russian theatre in the beginning of the XX th century, forgotten for political reasons, comes back in the end of the century with the birth of the following disciplines, performance studies, theatrical anthropology, ethnoscenology. The thinker’s multidisciplinary approach to the theatre was unique for his time. Indeed, he notes the origin of theatre in rites, religion and nature (theatre in the animal kingdom, primitive man theatre, indigenous theatre, child’s play.) He relies on the following sciences, psychology, psychoanalysis, physiology, etc. In addition to that the artist takes into account the infinite richness of theatre forms and traditions that appeared during the history of performative arts. Beyond the redeployment of his concept, “theatre philosophy”, we’ll put our focus on the way he interlaces theatre as an artwork, with daily life transformative creativity of the human being. We’ll get onto the picture surrounding the idea of “instinct of theatricality” imagined by Evreinov. This one, fluctuating amongst three dimensions: the artistic, the societal, and a hybrid one including both of them. Different kinds of the human-creator appear through this triple dimension, the actor, whose efficiency on stage is based on many components (enthusiasm, corporeality, skills in numerous arts, etc.), the active spectator (in the plays where staging permits it, carnivals, etc.), the rebel or Don Quixote who seeks transformation in his life (it’d be cases of transgression, but also of exclusion, of illness) and finally, the human that plays (“performs”) consciously or unconsciously in their daily life. I am presenting them in this thesis through the analysis of Evreinov’s staged works, his plays, his theoretical writings, but also his life. This thesis opens the investigation field of certain apprehension of the human being through the prism of theatre in the continuity of Evreinov’s work, a lot of which is yet to be discovere