Le découplage de la GRH comme regulation du secteur sanitaire

International audienceThis systematic review of the academic literature since early 1990s on the application of some HRM practices in health care sheds light on the persistence decoupling between institutional norms and standards related to human resource management (HRM) procedures and the actual practices in organizations. Contrary to the affirmation of NIT, translation processes do not put an end to decoupling. The isomorphisms identified by the neo institutionalists relate to leadership decisions, not practices. The application of HRM practice bundles is opposed by health care professionals. This analysis of the «critical» approach is apparently contradicted by that which we describe as «optimistic» because even if virtues are found in the application of these standards, these authors complain of the still too small number of hospitals who comply. Thus, the power of leaders seems limited like that of caregivers, who try to impose the regulation in accordance with their institutional medical logic. Neither the control regulations nor the autonomous regulations manage to impose themselves, remaining durably disconnected, so much so that the institutional logics oppose each other, fuelled by divergent evaluations of the working conditions. Finally, our theoretical contribution is to consider decoupling as a disconnected form of regulation that is put in tension by managers in their project of optimization of resources. In the end, our results question the validity of the managerialism of the New Public Management in a context of shortage of caregivers.Grâce à une revue de littérature systématique traitant des pratiques de Gestion des Ressources Humaines (GRH) depuis le début des années 1990 dans le secteur sanitaire, nous montrons la persistance des découplages avec les normes institutionnelles. Contrairement aux affirmations de chercheurs de la Théorie néo-institutionnaliste (TNI), les efforts de traduction ne les ont pas gommés. Les isomorphismes identifiés par la TNI portent davantage sur les décisions des dirigeants que les pratiques. L’application de grappes de pratiques de GRH associées à la logique institutionnaliste valorisant la performance individuelle rencontre l’opposition des professionnels de santé. Cette analyse de l’approche « critique » est contredite en apparence par celle que nous qualifions « d’optimiste » car même si des vertus sont trouvées dans l’application de ces normes, ces auteurs se plaignent du nombre encore trop réduit d’hôpitaux qui s’y conforment. Ainsi, le pouvoir des dirigeants semble limité comme celui des soignants, qui tentent d’imposer la régulation conforme à leur logique institutionnelle médicale. Ni les régulations de contrôle ni les régulations autonomes n’arrivent à s’imposer, restant durablement disjointes, tant les logiques institutionnelles s’opposent, alimentées par des évaluations des effets des normes de GRH sur les conditions de travail divergentes. Nous contribuons sur le plan théorique en considérant le découplage comme une forme de régulation duale qui est mise en tension par les dirigeants dans leur projet d’optimisation des ressources. Nos résultats questionnent au final le bien-fondé du managérialisme du Nouveau Management Public dans un contexte de pénurie de soignants