L'empereur Charles VI et 'l'héritage anjouin' dans les Pays-Bas méridionaux (1716-1725)

Le thème central de cet article est l’attitude des autorités autrichiennes, lorsqu’elles obtinrent les rênes du pouvoir dans les Pays-Bas méridionaux au début de l’année 1716, envers ce qui restait du ‘Régime anjouin’ précédant. L’empereur Charles VI considéra le régime de Philippe d’Anjou, ou Philippe V d’Espagne, comme illégitime et déclara par conséquence certains actes juridiques anjouins nuls: des patentes d’anoblissement, des nominations de fonctionnaires, des pensions, etc. Les supporters fervents de Philippe d’Anjou furent menacés de confiscations. Ceci ne fut néanmoins que le revers de la médaille. Pour des raisons pratiques, l’empereur, dont l’autorité dans les Pays-Bas méridionaux n’avait pas encore de base solide, dût modérer et annuler certains de ses décrets, complètement ou en partie. Les protestations ou les requêtes des fonctionnaires ou des membres des élites des Pays-Bas précipitèrent certainement ces décisions. Plus encore, les autorités autrichiennes décidèrent de conserver quelques réalisations fiscales et institutionnelles du régime anjouin. Cette attitude ambigüe vis-à-vis le passé anjouin peut, à mon avis, être expliquée par le fait que ce régime nouveau était à la recherche de fondements solides pour le gouvernement. L’empereur, en cherchant de l’autorité, n’osa se mettre à dos les élites locales et optait consciemment l’adoption de certaines taxes ou structures institutionnelles anjouines, en dépit de l’illégitimité prétendue de ce régime précédant