Gathering and Scattering Emily Dickinson’s Poetry

The composition of Emily Dickinson’s poetic work has implied many stages of unbinding and rebinding her poems, from her own self-publishing practices (the now famous “fascicles”), through three editions of her Complete Poems (Johnson 1955, Franklin 1998, Miller 2016, all published by Harvard University Press) up to the recent uploading of her manuscripts as electronic archives on the Internet. It has fiercely divided scholars over what it has meant to “collect” Dickinson’s poems. This article presents certain aspects of this history, and contends that the combination of manuscript, print, and screen versions that we have today essentially corresponds to Dickinson’s writing project as a mixed media venture, always already predicated on re-mediation as a feature of collecting and dissemination. Ultimately, it examines Dickinson’s famous reticence to publish her poems in print as a component of a set of unconventional collecting practices.Recueillir et composer l’œuvre poétique d’Emily Dickinson a toujours impliqué de nombreuses manipulations éditoriales, depuis les pratiques d’auto publication de la poète elle-même jusqu’à la mise en ligne sur Internet de ses manuscrits, en passant par trois éditions de l’intégralité de ses poèmes, toutes publiées par Harvard University Press (Johnson 1955, Franklin 1998, Miller 2016). Les différentes façons de structurer l’œuvre ont fait l’objet d’intenses débats sur le sens que revêt l’action de « recueillir » pour l’édition d’un ensemble de poèmes demeurés à l’état de manuscrits. Cet article présente quelques aspects de l’histoire éditoriale des poèmes d’Emily Dickinson, et défend l’hypothèse selon laquelle la combinaison de versions manuscrites, imprimées et numériques dont nous disposons aujourd’hui correspond le mieux au projet d’écriture de Dickinson, caractérisé par une pluralité de médiums et présupposant la remédiation comme aspect du recueil et de la dispersion. L’article analyse pour finir la célèbre réticence de Dickinson envers la publication de ses poèmes sous forme imprimée comme un élément déterminant dans l’ensemble de son rapport hétérodoxe aux pratiques éditoriales