Entre agriculture et pastoralisme : une société oasienne à El-Deir (oasis de Kharga) face aux pulsations climatiques au Ier s. avant notre ère

International audienceThe site of El-Deir, located at the foot of the Naqb Abou Sighaoual pass, northeast of the Kharga depression, in the Libyan desert of Egypt, controls a central circulation route between the Great Oasis and the Theban region. Between the agricultural exploitation of an irrigated perimeter, allowing the development of a cash crop, and the supply of caravan traffic, the site’s vocations have been multiple throughout its history, and largely dependent on the variation of water resources. Although El-Deir has now returned to the desert sands, geoarchaeological surveys have made it possible to reconstruct the creation processes of this micro-oasis and the water dynamics that marked its history, from the Saïto-persian period to the late Roman period. The intersection of geomorphological, geoarchaeological, archaeological and epigraphic approaches opens up new perspectives on the adaptation capacities of the human communities established in the region, in the face of climatic conditions whose variations are being assessed in greater detail.The end of the Hellenistic period in particular appears to be one of the pivotal moments in this history: it bears witness to the culmination of a population settlement dynamic and the development of a terroir structured around the vineyard, initiated in the Saïto-persian period by the temple of Amun of Hibis, and to the occurrence of water crises, which may have led to temporary reconversions into pastoral activities.Le site d’el-Deir, situé au pied de la passe du Naqb Abou Sighaoual, au nord-est de la dépression de Kharga, dans le désert Libyque d’Egypte, contrôle un itinéraire central de circulation entre la Grande Oasis et la région thébaine. Entre exploitation agricole d’un périmètre irrigué, permettant le développement d’une agriculture de rente, et alimentation des circulations caravanières, les vocations du site ont été multiples au cours de son histoire, et largement tributaires de la variation des ressources en eau. Si el-Deir est aujourd’hui retourné aux sables du désert, les prospections géoarchéologiques ont permis de restituer les processus de création de cette micro-oasis et les dynamiques hydriques qui ont marqué son histoire, de l’époque saïto-perse à l’époque romaine tardive. Le croisement des approches géomorphologique, géoarchéologique, archéologique et épigraphique ouvre des perspectives nouvelles sur les capacités d’adaptation des communautés humaines implantées dans la région, face à des conditions climatiques dont les variations sont appréciées de plus en plus finement. La fin de l’époque hellénistique apparaît en particulier comme un des moments pivots de cette histoire : elle témoigne en effet de l’aboutissement d’une dynamique d’implantation de population et de développement d’un terroir structuré autour du vignoble, initiée dès l’époque saïto-perse par le temple d’Amon d’Hibis, et de l’occurrence de crises hydriques, qui ont pu conduire à des reconversions temporaires dans des activités pastorales